mercredi 16 janvier 2008

Réchauffement et ozone. En 1989

Pour Ca M'intéresse, 1989
(eh oui, déjà on veillait. Avertissement : les choses ont évolué, les données sont bien plus précises (voir le passage sur l'absorption de CO2) et le regretté Haroun Tazieff aurait peut-être un tout autre point de vue)

Trente milliards de tonnes. C'est le nuage de gaz carbonique que chaque année l'homme rejette dans l'atmosphère. A ce rythme , il en aura doublé la teneur en CO2 d'ici 50 ans. Une pollution qui s'ajoute à d'autres gaz pour pièger les rayons solaires et réchauffer progressivement le fond de l'air, par effet de serre.

Si ce scénario se confirme, ce sera le déluge : sous une atmosphère trop chaude, les calottes polaires fondront, libérant des milliards de mètres cubes d'eau et provoquant une montée générale du niveau des mers. Un raz de marée qui pourrait atteindre à terme plusieurs mètres, une menace concrète pour les habitants des deltas, des atolls et des rivages alluvionnaires, de Venise au Bengladesh, soit 70 % de la population mondiale.

Ce climat chamboulé aura d'autres effets : le grenier à blé du Middle West américain se transportera plus au nord, au Canada, les grands déserts avanceront, tornades et typhons deviendront de plus en plus dévastateurs, tirant un surcroît d'énergie de mers plus chaudes. Sous des moussons plus humides, des zones entières subiront des déluges saisonniers, tandis que les espèces animales et végétales déjà fragilisées par la pollution et la pression démographique humaine ne pourront supporter ce choc supplémentaire du au climat en folie. De nombreuses variétés périront.

Petit espoir, tous les scientifiques ne sont pas d'accord sur la vitesse à laquelle se produira ce chambardement...
L'une des solutions, pour comprendre comment la planète peut "digérer" une telle variation des climats, c'est d'interroger le passé.

"On s'apperçoit alors que la planète a encaissé en 4,5 milliards d'années d'histoire bien d'autres chocs climatiques", explique Jacques Labeyrie, physicien et fondateur à Gif-sur-Yvette du Centre des Faibles Radioactivités (CEA-CNRS).

La méthode qui a mené à cette conclusion est celle de la variation isotopique : on mesure dans les roches, dans les sédiments, dans le corail des océans les différentes variétés d'oxygène. Un indice qui trahit la quantité d'eau qui se trouvait piégée dans les calottes polaires, il y a des centaines de milliers d'années, et qui dénonce du même coup la rigueur des climats du passé.
Passées à la loupe des paléoclimatologues, les grandes variations du climat terrestre affichent avec un rythme de 100.000 ans la succession de périodes chaudes et humides et d'âges froids et secs. A l'intérieur de grand mouvement se glissent d'autres variations, plus rapides, sur 40.000 et 20.000 ans. Les fluctuations du niveau des mers peuvent y atteindre 100 mètres d'amplitude, selon que les calottes polaires s'étendent ou se rétractent.

Pour éviter que de tels phénomènes se produisent en l'intervalle de quelques siècles seulement, il est urgent de prendre conscience des effets de levier qui amplifient les dégâts causés à l'atmosphère.

L'homme peut agir. D'abord en cessant de libérer dans l'atmosphère les milliards de tonnes de carbone que les végétaux pétrifiés avaient fixé au cours du temps. Une démarche qui implique de changer de mode de consommation énergétique, de privilégier les énergies non polluantes aux détriment des énergies fossiles comme le charbon et le pétrole.
François Pharabod, analyste au Centre de Prospective et d'Evaluation propose également de replanter des hectares de forêts sur les terres en friches, au Sud comme au Nord... Un moyen de recréer un couvert végétal qui stabiliserait l'effet de serre en refixant une partie du gaz carbonique. "On pourrait utiliser ce bois de façon permanente, dans la construction, sans le consumer. Ceci ne libèrerait pas de gaz carbonique dans l'atmosphère, mais au contraire stockerait du carbone explique Pharabod.

Apparemment la planète nous laisse un répit.
Les chercheurs se sont apperçus que la teneur en CO2 de l'atmosphère n'augmentait pas aussi rapidement qu'elle le devrait, sous l'effet de l'activité humaine. Toundra ou forêt vierge, la végétation se développe plus rapidement et absorbe une partie du gaz en excès, tandis que le plancton en attire une bonne part dans les océans pour le fixer dans le calcaire sous-marin.
Sans aller aussi loin que James Lovelock, le père de l'hypothèse Gaia, qui considère la planète comme un être vivant régulant de lui-même les grands équilibres, certains admettent que le végétaux et le plancton, en absorbant les excès de nos activités, nous laissent un nouveau sursis.


Pour le vulcanologue Haroun Tazieff, tous ces boulversements seraient liés à des phénomènes naturels, dont les cycles du temps sont maîtres... Une étude menée par des universitaires chinois et américains dans les glaces du plateau du Tibet montre que le climat est chaud, mais depuis 1940... Alors, le réchauffement s'accélere-t-il vraiment, ou n'est-il qu'un évènement naturel ?


Combien la planète peut-elle ainsi absorber de gaz carbonique ? Entre 30 et 50 % de la quantité produite par l'homme, selon les études les plus récentes...
La marge d'erreur reste importante. Surtout, elle ne permet pas de dire, finalement, si c'est l'augmentation de CO2 qui réchauffe le climat, ou si c'est le réchauffement du climat, quelque part, qui provoque une augmentation du taux de CO2 de l'atmosphère...

OZONE

LA GRANDE TRAQUE DE L'OZONE

Au royaume de l'ozone, l'angoisse règne : si cet écran protecteur se déchirait, bombardé par des doses dangereuses d'ultra-violets solaires ! la vie sur Terre risquerait d'en prendre un coup. Pourtant l'ozone joue les filles de l'air : ce gaz fantasque, dont la disparition au-dessus de nos têtes occupe les colonnes des médias depuis plus de deux ans, demeure insaisissable. Chaque hiver Patrick Aimedieu part en chasse dans le grand nord suédois, sur la base arctique de Kiruna. Là, en compagnie de confrères européens, Japonais, Américains, ce chercheur du service d'aéronomie du CNRS lance des ballons du CNES jusqu'à 30 km d'altitude. Pour comprendre comment, dans la nuit polaire, les composés chlorés accomplissent leur besogne de grignotage de l'ozone.

"Les conclusions rendues par le Comité International de l'ozone en 1987 sont alarmistes : une baisse globale de 3 %, a été évaluée autour de la Terre au cours de la dernière decennie", explique Aimedieu.
Si nous sommes certains aujourd'hui des mécanismes de dégradations chimiques de l'ozone, notamment par les fameux CFC de notre industrie, mais on peut douter de ces conclusions alarmistes. Les phénomènes sont hypercomplexes et la difficulté d'accès à ces hautes altitudes, le manque de données doivent nous rendre modestes quant au diagnostic..."

Par exemple en 1987, le trou d'ozone a été très impressionnant au-dessus du Pôle Sud. Par contre, en 1988, il était très faible. Et cette année, il est à nouveau très marqué, atteignant la taille de l'Europe. Alors que penser ? Un espoir demeure : que l'ozone produit naturellement par le Soleil, ou que celui en excès, au sol, finisse par combler les trous saisonniers aux pôles..."

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