mercredi 16 janvier 2008

D'autres énergies

En 1989

Sur la côte californienne les panneaux solaires photovoltaïques sont assemblés par centaines en centrales géantes, et à travers les Etats-Unis, 15.000 familles s'alimentent déjà en électricité par le biais de photopiles solaires. A l'autre bout du monde, 5 millions de Japonais prennent leur douche quotidienne sous une eau réchauffée par le Soleil, comme la plupart des Israéliens.

Les Danois, pour leur part, ont déjà exporté plusieurs milliers d'éoliennes vers les Etats-Unis, y installant quelques 530 mégawatts de puissance : un marché d'un milliard de dollars...
Et les Allemands de l'Ouest ne sont pas en reste : ils consacrent 700 millions par an de subventions aux recherches sur les technologies d'énergie renouvelables, en visant essentiellement le marché de l'exportation.
"Des marchés qui représentent à travers le monde environ 200 milliards de francs de marchés à conquérir", précise François Pharabod, le concepteur de la centrale solaire française Thémis. Un prototype fermé depuis des années, en raison d'un fonctionnement trop coûteux...

Précisément, quand on aborde la France, le panorama s'assombrit : le budget de l'Agence Française pour la Maîtrise de l'Energie a été largement réduit depuis quelques années et une partie du personnel licencié.
Des projets comme celui de l'équiment de l'île d'Ouessant d'une éolienne géante ont été abandonnés, mais plus grave, après des années de valse-hésitation de la part des pouvoirs publics dans le domaine de ces énergies propres, les industriels qui avaient tenté l'aventure n'y croient plus.

"Des entreprises comme Photowatt, dans le domaine des photopiles solaires, ont été abandonnées en cours de route, livrées à elles-mêmes, la puissance publique cessant du jour au lendemain de les soutenir. Les installations de chauffe-eaux solaires ont chuté de deux tiers (passant de 90.000 mètres carrés solaires installés en 1987 à moins de 30.000 en 1988)", constate Benjamin Dessus, ancien directeur de l'AFME, aujourd'hui chargé de recherche au CNRS.

"La question est aujourd'hui de savoir quel prix nous sommes prèts à payer pour l'énergie...", commente François Pharabod.
Pour intégrer le coût de l'environnement dans la facture énergétique, certains recommandent aujourd'hui d'augmenter les tarifs des énergies fossiles. Une facturation de l'impact sur l'environnement de cette énergie primaire, qui donnerait un coup de fouet aux énergies propres et encouragerait une meilleure gestion des ressources...

" Les énergies renouvelables ne sont pas des énergies de gaspillage", souligne François Pharabod. Elles sont coûteuses à développer, elles font appel à des technologies élaborées de transformation d'une énergie naturelle (essentiellement le Soleil) en une forme directement utilisable par l'homme... Ces énergies "naturelles", liées à l'éclairage de l'astre du jour ou à la puissance du vent sont également délicates à gérer. Ce n'est généralement pas quand le Soleil est cuisant que l'on a besoin de se chauffer !

Ce qui implique signifie le développement de filières de stockage de ces énergies, en les utilisant pour fabriquer à partir de l'eau un carburant propre, comme l'hydrogène.

Ces technologies représentent un effort financier sans commune mesure avec les coûts de mise en exploitation d'un gisement pétrolier. "Mais il s'agit d'un investissement à long terme, ensuite la mise en exploitation de ces énergies renouvelables est beaucoup moins onéreuse", souligne François Pharabod.

Quel serait le bon prix à appliquer pour amorcer ces mécanismes de juste concurrence ? La question est délicate. Dans le rapport sur l'énergie qu'il vient de rendre au Premier ministre, le député Pierre Briane propose des mesure d'allègement pour les énergies renouvelables, les véhicules électriques et l'éclairage à basse consommation. Il suggère une baisse de la TVA de 18,6 à 5,5 % sur ces produits, mais aussi une taxe sur les déchets rejetés dans l'environnement.

Allant plus loin, certains experts proposent carrément un doublement des tarifs des énergies fossiles. Une solution extrème qu'il sera délicat de faire passer dans la pratique, face à la résistance des lobbies intéressés...

Pour débuter, on pourrait déjà conduire une politique agressive d'économies : "le gisement d'énergie que représentent aujourd'hui les économies d'énergie est§ comparable aux autres sources", souligne François Pharabod. En d'autre terme, il est plus simple aujourd'hui de construire des automobiles économes en carburant que de mettre en exploitation des gisements de pétrole sous des milliers de mètres d'eau glacée, en zone arctique. Il est aussi plus raisonnable, économiquement, d'utiliser des ampoules à basse consommation d'énergie que de construire des centrales nucléaires...

La preuve ? Dans la foulée des efforts liés au choc pétrolier de 1973, le produit intérieur brut de la France a augmenté de 38 % entre 1973 et 1988. Alors que la consommation d'énergie n'augmentait dans le même temps que de 12 %.

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