lundi 21 janvier 2008

Satellites Spot

Pour MFI (agence de RFI pour la presse écrite) (1993)

Eruption volcanique, forêts d'Amazonie, feux de brousse, évolution de la pression démographique ou suivi des migrations de criquets, niveau des réservoirs d'eau, découverte du drame de Tchernobyl, des incendies de puits de pétrole au Koweit : depuis 7 années les satellites d'observation de la Terre Spot 1 et Spot 2 ont abattu un travail impressionnant. Et rendu à la collectivité internationale des services jusque là réservés aux seuls militaires et scientifiques américains, qui disposaient déjà de leur satellites espions ou de recherche. Les images livrées par ces "sentinelles" de l'espace sont précieuses et belles. Et si les civils en raffolent, avec leurs détails visibles de 10 mètres, les militaires ne les boudent pas non plus, qui peuvent, grâce à des traitements informatiques spécifiques, descendre à une précision métrique.

C'est en principe le 24 septembre que la fusée Ariane doit s'élancer depuis le centre spatial de Kourou, en Guyane, pour mettre en orbite le troisième satellite français Spot. Ses deux frères cadets, même s'ils sont un peu fatigués, sont toujours en usage (par intermittence pour Spot 1) et Spot 3 viendra ainsi constituer un complément d'une véritable "flotte" de l'espace, faite de trois satellites mobilisables à la demande.

Ce ne sera pas inutile pour répondre aux demandes saisonnières, comme les prises de vue agricoles, qui servent aux grands groupes agro-alimentaires, aux gouvernements, aux associations de producteurs à prévoir les récoltes, et par là l'évolution des cours des denrées sur les marchés mondiaux. Cela peut permettre à certains d'éviter de subir un effondrement des prix, à la seule vue de l'importance d'une récolte de café ou de blé...

Denrée stratégique ? Certes, au départ. Le Pentagone et les militaires soviétiques n'étaient guère ravis de voir mis à la disposition de tous des données, des images qu'ils pensaient être les seuls à détenir pour longtemps encore.
Résultat, Russe et Américains ont eux aussi mis à la disposition du public leurs images satellites, contribuant à une véritable transparence sur la "Terre vue de l'espace".

En moins d'une décennie, les règles du jeu ont ainsi changé. Les images satellites sont devenues une denrée commerciale et banale, à la portée de tous (et financée par les organismes internationaux, pour la mise à disposition de ceux qui disposent de peu de moyens techniques et financiers).

A ce jour, 10.000 images ont été vendues à travers le monde par la société Spot Image, implantée à Toulouse, et plus de deux millions de vues ont été engrangées en archives. Constituant une banque de données unique sur la planète, précieuse dans l'avenir pour établir des comparaisons et comprendre le devenir de notre monde, à la simple lecture des clichés, ou après un traitement sophistiqué des données brutes.
A huit cent et quelques kilomètres d'altitude, le train des trois wagons Spot "tirera le portrait" des glaciers polaires, pour évaluer si réchauffement du climat et fonte des calottes polaires il y a, mais également pour surveiller les mouvements des grands icebergs, de manière à assurer la sécurité de la navigation dans ces zones froides.
Les géologues, pour leur part, sont largement intéressés par les images des grands formations du sol de la planète. Vues de l'espace, sur les scènes de 60 km de côté que délivrent les satellites, elles sont révélatrices de formations souterraines, mais aussi de présence d'eau, ou de mauvaise croissance des pieuvres urbaines.

Les engins permettent également de dresser des cartes dans des régions désertiques ou peu peuplées, où faute d'habitants et de moyens budgétaires, ce travail n'avait pas encore été mené de manière rationnelle.

L'avenir est donc rose pour les satellites français d'observation de la Terre (Belges et Suédois participent également, dans des parts minoritaires, au programme). Outre Spot 4, dont la construction est déjà commencée, au Centre National d'Etudes Spatiales, le CNES, les ingénieurs réfléchissent déjà à Spot 5 et 6. Ces satellites seront très innovants, et leurs performances largement accrues.
Le plus petit détail visible depuis le ciel passera ainsi à 5 mètres, contre 10 atuellement. Des performances qui rapprocheront sans doute les Spots de leurs cousins militaires, Hélios, dont le premier exemplaire sera lancé pour le compte de l'armée française en 1995. Muni d'une optique très performante et secrète, le satellite kaki aura des capacités secrètes. Mais on peut parier que d'ici quelques années, ses équivalents civils n'auront pas grand-chose à lui envier.

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