Mai 1992
La créature s'ébroue, en danger mortel sous l'aube naissante. Une brassée d'air évente ses replis livides. Feulement d'un parachute que l'on rudoie. Va-t-elle crever là ? Expirer sous les ruades du vent ? A ses pieds, dans la plaine de Chryse, le cobra de métal est coincé entre les rochers. Il la retient, piège mortel. Le soleil est trop haut, bientôt sa peau va éclater. Elle tire, tire encore. Jusqu'à ce tourbillon improbable, miséricorde de poussière, qui la libère. Dans un ciel blanc d'étoiles, la méduse de mylar s'élève enfin. Emportant son boulet de titane et d'électronique.
"Elle décolle". Au centre de contrôle de Toulouse, les ingénieurs sont atteints d'un rire nerveux. Le stress s'évacue. A l'instant, les écrans des ordinateurs viennent de s'éveiller pour offrir des centaines de données. Les imprimantes crépitent, livrent les renseignements atmosphériques : température, pression, vitesse du vent. Signe que le ballon vient de quitter le sol martien pour un nouveau vol. A la clef, une journée entière de survol de la planète rouge. Avec sa fournée de trouvailles et de découvertes.
"Non, ce n'est pas un rêve. Le ballon que nous préparons sera effectiment un être étrange, s'envolant le jour pour survoler Mars et se posant la nuit, pour ausculter le sol et les entrailles de la planète, à l'aide des instruments contenus dans sa queue". Christian Tarrieu, responsable du projet des ballons martiens, au Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) de Toulouse, vit depuis quatre ans aux heures de cette créature de fiction. En fait il est l'heureux père de deux monstres hybrides. Deux jumeaux, ballons et serpents à la fois, puisque la mission sera doublée, pour plus de sûreté. Des créatures de vent et de technologie, qui jongleront en 1997 avec les lois martiennes pour nous livrer le maximum de renseignements sur ce monde secret et quasiment inconnu. "Ils sont prèts à être réalisés, les études sont quasiment terminées", poursuit l'ingénieur. En fait, le vrai problème pour les explorateurs gonflables du CNES est aujourd'hui de s'assurer de la partance de leur train spatial pour Mars. Les difficultés économiques et politiques de la CEI ont évidemment précipité les organismes spatiaux de l'ex-URSS dans une série de turbulences et d'incertitudes. Et le maître d'oeuvre de l'opération demande à ses partenaires étrangers de mettre la main à la poche pour assurer la survie de l'opération. Cela paraît probable. Les scientifiques sont optimistes et c'est toujours à bord de fusées Proton que les ballons français doivent décoller vers Mars, en 1996.
L'idée est de Jacques Blamont. Cette "figure" du CNES, depuis trente ans court les colloques et les réunions de travail avec des dessins de ballons pleins la tête. Pour ce fils spirituel de Pilâtre de Rosier, le ballon est l'arme absolue pour explorer les planètes dotées de la moindre parcelle d'atmosphère. Infiniment moins cher qu'un véhicule tout-terrain, capable de changer d'altitude et de franchir des barres montagneuses, l'aérostat peut aussi emporter une palette d'outils scientifiques sur des distances considérables.
La preuve en a été faite en 1985 dans l'atmosphère de Vénus, quand les sondes soviétiques Vega y gonflèrent les deux premier ballons d'exploration atmosphérique, d'inspiration française. Le bilan, fut toutefois mitigé. "Parce que les Soviétiques n'avaient pas tenu compte de tous nos conseils", commente un chercheur français.
Cette fois, pour Mars, les ingénieurs du CNES et de Zodiac peaufinent des ballons qui vont au bout de leurs idées.
"Le problème n'est pas simple car s'il est vrai que Mars a une atmosphère, elle nous est très mal connue, et y envoyer voguer des ballons demande quelques décisions délicates", souligne Christian Tarrieu.
Pour commencer, les chercheurs de la Nasa, de l'Institut de Sciences Spatiales de Moscou (IKI) et du CNES ont demandé à des superordinateurs de digérer toutes les données connues sur ce monde hostile, pour établir des cartes météorologiques de la planète rouge. Ils n'ont pas été déçus. Dans ce monde de glace, les températures oscillent entre moins 50 et moins 100 degrés C, et les vents saturés de poussières rouges atteignent aisément 70 km/h, quand ils ne déferlent pas en tornades de 200 km/h ! Envoyer des baudruches de 45 mètres de hauteur et 12 mètres de diamètre gonflées à l'hélium se promener dans cette ambiance, entre des reliefs qui peuvent dépasser 20 km d'altitude, demande pour le moins d'adapter les coutumes de l'aérostation.
A commencer par le matériau, puisque les ballons terrestres réalisés en polyéthylène craqueraient sous le seul effet du froid. On a donc opté pour le Mylar, un film plastique translucide de DuPont de Nemours, dont l'épaisseur de 6 millièmes de millimètres a été calculée pour réduire le poids et l'encombrement du balon. Cette matière, dont on a testé le dépliage sans rupture sous un viaduc, a aussi été longuement étudiée pour pouvoir se réchauffer sous le soleil. C'est ce "chauffage" naturel par les infra-rouges qui provoquera la dilatation de l'hélium le jour, et le décollage matinal de notre ballon-lézard, pour un vol entre 2 et 4 km d'altitude. Le soir, avec le rafraichissement apporté par l'ombre, le ballon se dégonfle et se pose en douceur.
Ce n'est pas tout. Pliée, la baudruche devra tenir dans un "camembert" de 35 cm de hauteur, d'où elle sera finalement extraite par un système de fils cassants, qui lui permettront de se gonfler à la seule vitesse idéale pour éviter sa rupture : 300 secondes.
Car évidemment, le gonflement par l'hélium des ballons aura lieu pendant la descente des sondes martiennes vers le sol. Un scénario que l'on imagine d'une aisance inouïe, verouillé au quart de seconde.
Les créatures sont éveillées vers 10.000 d'altitude. Sorties de leurs cocons, elles se boursouflent en quelques minutes, toujours sous la protection des parachutes qui freinent la descente de leurs mères. L'opération terminée, les bouteilles vides sont larguées, et la chute continue, dans le sillage d'un bouclier de protection. Quand celui-ci percute le sol, au bout d'un filin de 400 mètres, le cordon ombilical se rompt. Chaque bulle est alors libre. De sa nacelle elle déploie encore le "guiderope", cette queue de titane de 7 mètres de long, qui trainera sur le sol la nuit. Un appendice reptilien fait d'une vingtaine de cylindres reliés par des cardans, et qui sera soumis à toutes les embardées du ballon, à des chocs extrèmement violents contre les rochers. Bardé d'équipements scientifiques, d'une électronique réchauffée par des piles, et notamment d'un radar capabe de fouiller le sol martien à un km de profondeur, cet ustensile "renifleur" permettra peut-être enfin de savoir combien il y a d'eau sur Mars.
C'est le grand mystère de notre cousine pourpre. Car on subodore que jadis, une atmosphère chaude et moite faisait ruisseler des torrents clairs sur les montagnes. Les indices ? Des traces de rivières, d'érosion, de canyons que l'on croirait terrestres. Ou est passée cette eau ? Evaporée, peut-être, en partie. Mais aussi enfouie, gelée, pense-t-on. Formant avec la poussière un pergélisol, un soc gelé à moins 60 degrés en moyenne.
Le radar du guiderope permettra peut-être d'étudier cette eau. Et de savoir si un jour, des projets délirants comme d'aller "ensemencer" la planète rouge pourraient se réaliser.
Dans le doute, nos sondes martiennes seront soigneusement stérilisées avant le décollage. Histoire d'éviter toute contamination sauvage de ce sol inviolé par des virus ou des germes terriens. On ne sait jamais. Avouez que le comble serait de découvrir dans quelques décennies que une vie malencontreusement importée par les hommes, aux alentours de l'an 2.000.
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samedi 20 septembre 2008
jeudi 12 juin 2008
A l'intérieur de Biosphère
octobre 1992
Carnet de bord dans Biosphère 2
Voyage dans un autre monde
Linda Leigh, 40 ans, responsable des écosystèmes terrestres de Biosphère 2 (un monde en miniature, en Arizona)
26 septembre 1991
Le soleil se couche, laissant une chaude lumière m'enrober. Je suis assise au bord des falaises qui surplombent notre océan, et je regarde les deux mondes, celui de l'intérieur et de l'extérieur. Mon premier acte officiel de ces deux années d'enfermement a été de délivrer une longue pluie (par le système d'arrosage) à chaque biome (système écologique et climatique complet, comme la savane, ou la forêt tropicale). Le voyage peut commencer.
8 octobre
Rencontre avec Tony, à la limite du désert, pour discuter comment réveiller la vie dans cet espace, à l'approche de l'hiver. Nous arroserons une fois par semaine, et surveillerons les plantes clefs de ces écosystèmes arides.
15 octobre
Chaque matin, nous lisons avidement les courbes de nitrates dans l'océan et de gaz carbonique dans l'air que crachent les ordinateurs. Aujourd'hui on peut y lire l'impact de la récolte de cacahuètes effectuée hier. A l'entrée de l'hiver, je me sens comme un pélerin abordant un monde inconnu.
12 novembre
Mon quarantième anniversaire. Un groupe de visiteurs me l'a souhaité à travers la vitre. Je n'aurais pas cru que cela puisse me faire aussi chaud au coeur !
15 novembre
Jamais je n'ai regardé les plantes de cette manière. J'essaie sans cesse de deviner comment chaque espèce va réagir aux variations de saison et de teneur en gaz de l'air. C'est une obsession.
12 décembre.
Je fais la cuisine. Mark a pu me ramener des herbes du potager, pour relever les plats. Comme d'habitude, j'entre les quantités de chaque ingrédient dans le système électronique de gestion des régimes alimentaires, qui évalue nos rations de calories, de graisses, de protéines, de sucres, de minéraux, de vitamines.
Un peu plus tard, je fais de l'exercice sur une bicyclette de musculation. Ai-je mangé assez de calories pour pouvoir m'octroyer le plaisir de cet effort sans risquer de perdre encore quelques grammes ?
1-er janvier, le Nouvel An
J'ai communiqué avec des gens tout autour du monde, par l'intermédiaire du système vidéo. Notre petite fête a été arrosée d'alcool de riz fermenté, que nous avons produit nous-mêmes, à partir d'une vieille recette népalaise. En buvant, je ne puis m'empêcher de penser que l'adaptation de la culture du riz de cette technique de fermentation à Biosphère 2 a nécessité quatre bonnes années de patience.
10 janvier
Mesures du taux de gaz carbonique contenu dans le sol de la forêt humide. Relevé d'échantillons et analyses au laboratoire.
7 mars
Je suis effondrée par la mort du galago. Le petit lémurien tropical m'était très cher. Dans biosphère 2 nous constatons la mort des animaux très vite. Et chaque extinction d'espèce est cruellement ressentie, comme elle devrait l'être sur la Terre, Biosphère 1. Au dehors comme ici, à l'intérieur, à part ces espèces vivantes, il n'y a rien. Et chaque disparition est un vrai drame qui nous rapproche du néant.
27 mai
Récoltes de blé, ce matin. Par contre, nous manquons de féculents : patates, riz, plantain... Nous aurons bientôt besoin de place pour planter le sorgho.
J'ai toujours des difficultés avec le système générateur de pluies, du côté de la savane. Je suis contrainte d'arroser à la main les endroits qui restent secs. Harassant. Les caféiers, sur le versant ouest de la montagne, ont refleuri. J'imagine déjà les bols de café au lait que nous allons pouvoir nous offrir...
20 juin
Encore un jour avant de déclencher les pluies d'été. Nous pourrons ainsi collecter des échantillons d'air, de sol, et prendre des photographies avant et après la fin de la dormance. Pour effectuer les comparaisons.
26 septembre
L'anniversaire de notre entrée, le vrai "Nouvel An" de Biosphère 2. Ma première action, en me levant, a été d'offrir une belle pluie, bien dense, à tous les biomes. C'est pour moi une célébration des cycles de la nature, mais aussi de l'esprit humain. L'esprit qui nous conduit à créer, à ne jamais cesser de nous interroger, et à ne jamais laisser tomber la vie.
Nous connaissons plus d'un qui aimerait se transformer en grenouille, pour se glisser dans la forêt de Biosphère 2 et voir de près comment vivent, travaillent et s'entendent les occupants de la galère de verre échouée en plein Arizona.
C'est le 26 septembre 1991 que les huit volontaires ont bouclé la porte de leur vivarium géant pour un voyage immobile de deux années. Depuis, le mystère plane sur l'aventure. Pourtant leur prison est de verre, et des dizaines de milliers de touristes ont pu les observer de l'extérieur. Les communiqués de presse pleuvent, et les conférences ne manquent pas.
Mais cette transparence de façade n'a pas dissipé le malentendu qui s'est installé entre les explorateurs et le reste de la planète.
Présentée comme une affaire scientifique au départ, Biosphère 2 ne s'est pas vraiment donnée les moyens de cette ambition. Toute l'énergie créatrice était en fait investie alors dans la réalisation du vaisseau de verre, de ses écosystèmes, et à l'attraction des hordes touristiques payantes.
L'information préliminaire sur le projet a elle aussi été négligée. Quand on a appris, parfois par des fuites, que les naufragés volontaires étaient partis dans leur île avec des réserves de nourritures pour plusieurs mois, que l'énergie leur était fournie par une centrale électrique, qu'un ventilateur avait été mis en route pour renouveler une partie de l'air, ou encore qu'une Biosphérienne était sortie quelques heures pour aller se faire soigner à l'hôpital voisin, des critiques se sont hâtés de brûler le joli jouet que lui avait fait miroiter le milliardaire....
Est-ce raisonnable ? Il est vrai que les Biosphériens ont un peu trop tendance à escamoter les problèmes matériels, psychologiques, ou relationnels, et ont tendance à servir des réponses évasives à tous ceux qui les interrogent. Agaçant. Certes encore, Biosphère 2 n'est pas une expérience de laboratoire, mais plutôt à un processus d'exploration empirique. Mais de par le monde, un certain nombre de scientifiques, dont le groupe qui vient d'examiner la situation, jugent qu'au prix de quelques modifications, les données que l'on pourra tirer de l'affaire valent la peine d'être étudiées. Quitte à imposer des procédures plus strictes lors des prochaines missions à bord de l'autre Terre.
Pour l'heure, les Biosphériens voient baisser leur taux d'oxygène et augmenter celui du gaz carbonique. Leur stock de nourriture est réduit. Passeront-ils l'hiver à bord ?
Carnet de bord dans Biosphère 2
Voyage dans un autre monde
Linda Leigh, 40 ans, responsable des écosystèmes terrestres de Biosphère 2 (un monde en miniature, en Arizona)
26 septembre 1991
Le soleil se couche, laissant une chaude lumière m'enrober. Je suis assise au bord des falaises qui surplombent notre océan, et je regarde les deux mondes, celui de l'intérieur et de l'extérieur. Mon premier acte officiel de ces deux années d'enfermement a été de délivrer une longue pluie (par le système d'arrosage) à chaque biome (système écologique et climatique complet, comme la savane, ou la forêt tropicale). Le voyage peut commencer.
8 octobre
Rencontre avec Tony, à la limite du désert, pour discuter comment réveiller la vie dans cet espace, à l'approche de l'hiver. Nous arroserons une fois par semaine, et surveillerons les plantes clefs de ces écosystèmes arides.
15 octobre
Chaque matin, nous lisons avidement les courbes de nitrates dans l'océan et de gaz carbonique dans l'air que crachent les ordinateurs. Aujourd'hui on peut y lire l'impact de la récolte de cacahuètes effectuée hier. A l'entrée de l'hiver, je me sens comme un pélerin abordant un monde inconnu.
12 novembre
Mon quarantième anniversaire. Un groupe de visiteurs me l'a souhaité à travers la vitre. Je n'aurais pas cru que cela puisse me faire aussi chaud au coeur !
15 novembre
Jamais je n'ai regardé les plantes de cette manière. J'essaie sans cesse de deviner comment chaque espèce va réagir aux variations de saison et de teneur en gaz de l'air. C'est une obsession.
12 décembre.
Je fais la cuisine. Mark a pu me ramener des herbes du potager, pour relever les plats. Comme d'habitude, j'entre les quantités de chaque ingrédient dans le système électronique de gestion des régimes alimentaires, qui évalue nos rations de calories, de graisses, de protéines, de sucres, de minéraux, de vitamines.
Un peu plus tard, je fais de l'exercice sur une bicyclette de musculation. Ai-je mangé assez de calories pour pouvoir m'octroyer le plaisir de cet effort sans risquer de perdre encore quelques grammes ?
1-er janvier, le Nouvel An
J'ai communiqué avec des gens tout autour du monde, par l'intermédiaire du système vidéo. Notre petite fête a été arrosée d'alcool de riz fermenté, que nous avons produit nous-mêmes, à partir d'une vieille recette népalaise. En buvant, je ne puis m'empêcher de penser que l'adaptation de la culture du riz de cette technique de fermentation à Biosphère 2 a nécessité quatre bonnes années de patience.
10 janvier
Mesures du taux de gaz carbonique contenu dans le sol de la forêt humide. Relevé d'échantillons et analyses au laboratoire.
7 mars
Je suis effondrée par la mort du galago. Le petit lémurien tropical m'était très cher. Dans biosphère 2 nous constatons la mort des animaux très vite. Et chaque extinction d'espèce est cruellement ressentie, comme elle devrait l'être sur la Terre, Biosphère 1. Au dehors comme ici, à l'intérieur, à part ces espèces vivantes, il n'y a rien. Et chaque disparition est un vrai drame qui nous rapproche du néant.
27 mai
Récoltes de blé, ce matin. Par contre, nous manquons de féculents : patates, riz, plantain... Nous aurons bientôt besoin de place pour planter le sorgho.
J'ai toujours des difficultés avec le système générateur de pluies, du côté de la savane. Je suis contrainte d'arroser à la main les endroits qui restent secs. Harassant. Les caféiers, sur le versant ouest de la montagne, ont refleuri. J'imagine déjà les bols de café au lait que nous allons pouvoir nous offrir...
20 juin
Encore un jour avant de déclencher les pluies d'été. Nous pourrons ainsi collecter des échantillons d'air, de sol, et prendre des photographies avant et après la fin de la dormance. Pour effectuer les comparaisons.
26 septembre
L'anniversaire de notre entrée, le vrai "Nouvel An" de Biosphère 2. Ma première action, en me levant, a été d'offrir une belle pluie, bien dense, à tous les biomes. C'est pour moi une célébration des cycles de la nature, mais aussi de l'esprit humain. L'esprit qui nous conduit à créer, à ne jamais cesser de nous interroger, et à ne jamais laisser tomber la vie.
Nous connaissons plus d'un qui aimerait se transformer en grenouille, pour se glisser dans la forêt de Biosphère 2 et voir de près comment vivent, travaillent et s'entendent les occupants de la galère de verre échouée en plein Arizona.
C'est le 26 septembre 1991 que les huit volontaires ont bouclé la porte de leur vivarium géant pour un voyage immobile de deux années. Depuis, le mystère plane sur l'aventure. Pourtant leur prison est de verre, et des dizaines de milliers de touristes ont pu les observer de l'extérieur. Les communiqués de presse pleuvent, et les conférences ne manquent pas.
Mais cette transparence de façade n'a pas dissipé le malentendu qui s'est installé entre les explorateurs et le reste de la planète.
Présentée comme une affaire scientifique au départ, Biosphère 2 ne s'est pas vraiment donnée les moyens de cette ambition. Toute l'énergie créatrice était en fait investie alors dans la réalisation du vaisseau de verre, de ses écosystèmes, et à l'attraction des hordes touristiques payantes.
L'information préliminaire sur le projet a elle aussi été négligée. Quand on a appris, parfois par des fuites, que les naufragés volontaires étaient partis dans leur île avec des réserves de nourritures pour plusieurs mois, que l'énergie leur était fournie par une centrale électrique, qu'un ventilateur avait été mis en route pour renouveler une partie de l'air, ou encore qu'une Biosphérienne était sortie quelques heures pour aller se faire soigner à l'hôpital voisin, des critiques se sont hâtés de brûler le joli jouet que lui avait fait miroiter le milliardaire....
Est-ce raisonnable ? Il est vrai que les Biosphériens ont un peu trop tendance à escamoter les problèmes matériels, psychologiques, ou relationnels, et ont tendance à servir des réponses évasives à tous ceux qui les interrogent. Agaçant. Certes encore, Biosphère 2 n'est pas une expérience de laboratoire, mais plutôt à un processus d'exploration empirique. Mais de par le monde, un certain nombre de scientifiques, dont le groupe qui vient d'examiner la situation, jugent qu'au prix de quelques modifications, les données que l'on pourra tirer de l'affaire valent la peine d'être étudiées. Quitte à imposer des procédures plus strictes lors des prochaines missions à bord de l'autre Terre.
Pour l'heure, les Biosphériens voient baisser leur taux d'oxygène et augmenter celui du gaz carbonique. Leur stock de nourriture est réduit. Passeront-ils l'hiver à bord ?
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mercredi 21 mai 2008
Avalanches
Mars 1991
Soixante dix tonnes d'explosif. C'est la quantité moyenne de dynamite que font parler chaque hiver les pisteurs et autre artificiers sur les pentes enneigées des montagnes françaises. Pour déclencher par onde de choc, préventivement, les départs d'avalanches qui menacent les pistes, et parfois les vallées bâties. Si l'on compte une moyenne de 2,5 kilos employés par détonation, on assiste ainsi chaque hiver à 28.000 emplois d'explosifs dans nos blanches montagnes. Un chiffre considérable, qui traduit la préoccupation croissante de "sécuriser" des domaines skiables de plus en plus gigantesques. Car les massifs français, qui représentent près du tiers du domaine skiable mondial, prennent des allures titanesques avec plus de 1 100 kilomètres carrés de pistes et plus de 6 millions de skieurs annuels, dont un million d'étrangers. Malgré toutes les précautions prises, il se produit une quarantaine d'accidents avalanches par an, avec le triste résultat de 20 à 30 décès.
Dans les grandes stations dont la réputation est en jeu, c'est l'inflation à la sécurité. Non seulement on balise et on ferme de plus en plus facilement des pistes au moindre risque de déclenchement de coulée, mais les artificiers et leurs assistants enchaînent des nombres impressionnants d'"actions temporaires actives", comme on désigne techniquement ces feux d'artifice de neige.
Concrètement, cela consiste encore la plupart du temps pour les pisteurs-artificiers à partir avant l'aube, vers 4 ou 5 heures du matin, pour rejoindre les pentes à traiter. Pour gagner des points soigneusement repérés et identifiés, pas toujours facile d'accès, et balancer en contrebas, au bout d'une corde, la charge explosive. Parmi les victimes d'avalanches, on compte ainsi des artificiers. Le plus souvent en raison du départ plus important que prévu de l'avalanche, qui suprend les techniciens les plus chevronnés (et ce qui interdit en principe le déclenchement des avalanches au-dessus de zones construites). Plus rarement en raison d'un accident d'explosif. Pour contourner ces risques, mais aussi pour pouvoir traiter davantage de couloirs à avalanches avant que les premiers fanatiques de poudreuse ne se soient élancés dans la griserie des pistes, les techniciens innovent. Ils tentent de mettre au point de nouvelles méthodes pour débarasser la montagne de sa neige instable, mais aussi de nouvelles astuces techniques.
La grande solution, inventée en France par le Cemagref, et devenue déjà relativement classique, consiste à installer un câble qui passe en surplomb des zones de départ d'avalanches. On envoie des charges explosives, suspensues à ce câble, et on peut traiter plusieurs couloirs d'avalanches simultanément. Mais le Catex est un sytème coûteux (300.000 francs par kilomètre installé) qui peut s'avérer dangereux. Il arrive que les charges, soumises au chocs du transport sur ce mini-téléphérique, à l'humidité, n'explosent pas. Les explosifs amorcés sont alors particulièrement redoutables.
Une solution qui paraissait d'avenir dans les années 70, le canon, ou plus exactement le propulseur de flèches explosives, a aujourd'hui perdu beucoup de partisans : les flèches de deux mètres de longeur qui doivent se ficher dans le mantea neigeux ont du mal à grimper des dénivellées importantes en étant propulés par de l'azote comprimé dans le canon. Ce qui oblige les artificiers à prendre des risques en venant se placer en contrebas de la zone des départs d'avalanche. Et le système est en définitive relativement coûteux.
Plus simple, et très efficace, le bombardement. "Certaines stations augmentent simplement la cadence des tirs en utilisant l'hélicoptère", explique François Rapin, de la division nivologie du Cemagref (centre de recherche sur le matériel agricole) de Grenoble. Depuis deux ans, le contrôle strict des activités d'artificiers dans la montagne a en effet dérogé, pour les hélicoptères et des équipages entraînés, à la rêgle de toujours rendre un explosif éventuellement non détonné accessible, de manière à pouvoir le récupérer. Une manière de rendre possible le "bombardement" intensif des sites de départ d'avalanche, simplement en jetant la dynamite amorcée depuis l'appareil. Pour assurer une plus grande sécurité, les amorces de ces charges sont doublées, "pour éviter que l'explosion n'ait pas lieu, et qu'un montagnard puisse ramasser une charge dangereuse", précise François Rapin. C'est cher (l'heure d'hélicoptère est à plus de 7.000 francs), mais très efficace. Certaines stations parviennent ainsi à provoquer 50 explosions par heure !
Une autre innovation, toute récente, risque cette fois de rencontrer un succès aussi important. Renonçant cette fois à toute utilisation d'explosif, le Gaz-Ex de la société Schippers présente en outre l'avantage d'être télecommandé. Il s'agit tout bonnement d'un gros tube (de 1,5 mètre cube de volume), ancré sur un bloc de béton, orienté face à la pente, et alimenté par de l'oxygène et du propane en bouteilles (déposées dans un abri pendant l'été). On commande à distance (par radio ou câble) le remplissage du tube, puis la mise à feu du mélange. L'explosion est alors particulièrement efficace pour déstabiliser le manteau de neige. Le seul inconvénient du système est celui du prix : un seul tube, en fonction de la complexité du site, peut coûter entre 200.000 et 400.000 francs, et ne pourra jamais faire partir les mini-avalanches que sur un seul couloir. Pour une protection complète, il faudrait multiplier les tubes par le nombre de réservoirs à valanches
A la veille des Jeux Olympiques d'Albertville, il importe aux responsables de la sécurité avalanches des massifs de renforcer encore leurs efforts. Des mesures particulières de sécurité ont ainsi été prises sur les sites olympiques, indique-t-on au Comité d'Organisation, comme sur la face de Bellevarde, qui surplombe Val d'Isère. Mais aussi sur les routes qui mènent aux stations. ce sont la plupart du temps des mesures "passives", comme les tunnels de protection, les rateaux de fixation de la neige sur les pentes. Pour éviter de voir des milliers de spectateurs bloqués dans une station par simple coupure de la route d'accès par une coulée.
Soixante dix tonnes d'explosif. C'est la quantité moyenne de dynamite que font parler chaque hiver les pisteurs et autre artificiers sur les pentes enneigées des montagnes françaises. Pour déclencher par onde de choc, préventivement, les départs d'avalanches qui menacent les pistes, et parfois les vallées bâties. Si l'on compte une moyenne de 2,5 kilos employés par détonation, on assiste ainsi chaque hiver à 28.000 emplois d'explosifs dans nos blanches montagnes. Un chiffre considérable, qui traduit la préoccupation croissante de "sécuriser" des domaines skiables de plus en plus gigantesques. Car les massifs français, qui représentent près du tiers du domaine skiable mondial, prennent des allures titanesques avec plus de 1 100 kilomètres carrés de pistes et plus de 6 millions de skieurs annuels, dont un million d'étrangers. Malgré toutes les précautions prises, il se produit une quarantaine d'accidents avalanches par an, avec le triste résultat de 20 à 30 décès.
Dans les grandes stations dont la réputation est en jeu, c'est l'inflation à la sécurité. Non seulement on balise et on ferme de plus en plus facilement des pistes au moindre risque de déclenchement de coulée, mais les artificiers et leurs assistants enchaînent des nombres impressionnants d'"actions temporaires actives", comme on désigne techniquement ces feux d'artifice de neige.
Concrètement, cela consiste encore la plupart du temps pour les pisteurs-artificiers à partir avant l'aube, vers 4 ou 5 heures du matin, pour rejoindre les pentes à traiter. Pour gagner des points soigneusement repérés et identifiés, pas toujours facile d'accès, et balancer en contrebas, au bout d'une corde, la charge explosive. Parmi les victimes d'avalanches, on compte ainsi des artificiers. Le plus souvent en raison du départ plus important que prévu de l'avalanche, qui suprend les techniciens les plus chevronnés (et ce qui interdit en principe le déclenchement des avalanches au-dessus de zones construites). Plus rarement en raison d'un accident d'explosif. Pour contourner ces risques, mais aussi pour pouvoir traiter davantage de couloirs à avalanches avant que les premiers fanatiques de poudreuse ne se soient élancés dans la griserie des pistes, les techniciens innovent. Ils tentent de mettre au point de nouvelles méthodes pour débarasser la montagne de sa neige instable, mais aussi de nouvelles astuces techniques.
La grande solution, inventée en France par le Cemagref, et devenue déjà relativement classique, consiste à installer un câble qui passe en surplomb des zones de départ d'avalanches. On envoie des charges explosives, suspensues à ce câble, et on peut traiter plusieurs couloirs d'avalanches simultanément. Mais le Catex est un sytème coûteux (300.000 francs par kilomètre installé) qui peut s'avérer dangereux. Il arrive que les charges, soumises au chocs du transport sur ce mini-téléphérique, à l'humidité, n'explosent pas. Les explosifs amorcés sont alors particulièrement redoutables.
Une solution qui paraissait d'avenir dans les années 70, le canon, ou plus exactement le propulseur de flèches explosives, a aujourd'hui perdu beucoup de partisans : les flèches de deux mètres de longeur qui doivent se ficher dans le mantea neigeux ont du mal à grimper des dénivellées importantes en étant propulés par de l'azote comprimé dans le canon. Ce qui oblige les artificiers à prendre des risques en venant se placer en contrebas de la zone des départs d'avalanche. Et le système est en définitive relativement coûteux.
Plus simple, et très efficace, le bombardement. "Certaines stations augmentent simplement la cadence des tirs en utilisant l'hélicoptère", explique François Rapin, de la division nivologie du Cemagref (centre de recherche sur le matériel agricole) de Grenoble. Depuis deux ans, le contrôle strict des activités d'artificiers dans la montagne a en effet dérogé, pour les hélicoptères et des équipages entraînés, à la rêgle de toujours rendre un explosif éventuellement non détonné accessible, de manière à pouvoir le récupérer. Une manière de rendre possible le "bombardement" intensif des sites de départ d'avalanche, simplement en jetant la dynamite amorcée depuis l'appareil. Pour assurer une plus grande sécurité, les amorces de ces charges sont doublées, "pour éviter que l'explosion n'ait pas lieu, et qu'un montagnard puisse ramasser une charge dangereuse", précise François Rapin. C'est cher (l'heure d'hélicoptère est à plus de 7.000 francs), mais très efficace. Certaines stations parviennent ainsi à provoquer 50 explosions par heure !
Une autre innovation, toute récente, risque cette fois de rencontrer un succès aussi important. Renonçant cette fois à toute utilisation d'explosif, le Gaz-Ex de la société Schippers présente en outre l'avantage d'être télecommandé. Il s'agit tout bonnement d'un gros tube (de 1,5 mètre cube de volume), ancré sur un bloc de béton, orienté face à la pente, et alimenté par de l'oxygène et du propane en bouteilles (déposées dans un abri pendant l'été). On commande à distance (par radio ou câble) le remplissage du tube, puis la mise à feu du mélange. L'explosion est alors particulièrement efficace pour déstabiliser le manteau de neige. Le seul inconvénient du système est celui du prix : un seul tube, en fonction de la complexité du site, peut coûter entre 200.000 et 400.000 francs, et ne pourra jamais faire partir les mini-avalanches que sur un seul couloir. Pour une protection complète, il faudrait multiplier les tubes par le nombre de réservoirs à valanches
A la veille des Jeux Olympiques d'Albertville, il importe aux responsables de la sécurité avalanches des massifs de renforcer encore leurs efforts. Des mesures particulières de sécurité ont ainsi été prises sur les sites olympiques, indique-t-on au Comité d'Organisation, comme sur la face de Bellevarde, qui surplombe Val d'Isère. Mais aussi sur les routes qui mènent aux stations. ce sont la plupart du temps des mesures "passives", comme les tunnels de protection, les rateaux de fixation de la neige sur les pentes. Pour éviter de voir des milliers de spectateurs bloqués dans une station par simple coupure de la route d'accès par une coulée.
dimanche 27 janvier 2008
La face sombre du Soleil
1991
La face cachée du Soleil
Notre Soleil, la grosse boule qui nous réchauffe, est une pelote hérissée de mystère. Dernier exemple en date : la brusque "panne" de l'astre, en 1990. D'autant plus étrange après les colères de 1989, des spasmes qui avaient plongé neuf millions de personnes dans le noir au Québec en faisant "sauter les plombs" de la distribution électrique, provoqué des dizaines d'aurores boréales, et fait chuter plusieurs satellites qui se trouvaient en orbite. Munis de leurs archives, calculs à l'appui, les astronomes s'attendaient à ce que 1990 soit pire encore. L'année de tous les dangers solaires, du moins le "sommet" le plus actif du cycle d'activité de 11 ans qui anime notre bonne vieille étoile. Attention, disaient-ils à l'adresse des cosmonautes qui séjournent dans l'espace, mais aussi des utilisateurs des fréquences radio...
Hélas, la crise annoncée, le paroxysme n'a pas eu lieu. Et sans que l'on sache pourquoi, l'astre a brutalement décidé que cela suffisait comme cela, que le cycle de 11 ans serait cette fois plus court d'une année, et qu'en guise de sommet d'activité, on se contenterait des orages magnétiques du mois de mars 1989. "Ce furent tout de même les plus forts jamais provoqués par le Soleil", estime Pierre Lantos, responsable des prévisions solaires à l'observatoire de Paris-Meudon. "C'est une leçon : les prévisions solaires, ce n'est pas encore la météo", ajoute-t-il
Bizarres, les astronomes. Pour tenter d'en savoir plus sur l'étoile reine de notre ciel, ils s'enfouissent sous les montagnes, s'immergent dans le grand bleu des océans, installent leurs détecteurs dans les galeries obscures des mines. Le dernier cri du temple cosmique dans le style bunker sous-terrain, c'est Gran Sasso, près de Rome. Associés aux Allemands et aux Italiens, les chercheurs français viennent de l'inaugurer, sous un sommet de 2 900 mètres. Objectif : percer les mystères de la chaudière du Soleil. Un casse-tête dont l'explication occupe des équipe de chercheurs dans le monde entier.
Tapis dans la montagne, les astrophysiciens y traquent dans une cuve de 30 tonnes de gallium les très étranges créatures que sont les neutrinos. De petites particules insaisissables vomies par milliards par le Soleil et qui ont la fabuleuse propriété de traverser comme du beurre tout ce qu'elles rencontrent. Et notamment la Terre, de part en part. Alors, pour se protéger, se débarrasser de tout autre "bruit", les scientifiques s'enfouissent comme des taupes. "Le sol fait écran, et sous terre nous sommes certains que les seules particules que nous détecteront sont bien des neutrinos, puisque ce sont les seules qui peuvent arriver ici", explique Michel Cribier, physicien au Commissariat à l'Energie Atomique.
Une précaution vitale. Dépourvu de masse, le neutrino est incroyablement difficile à détecter, puisqu'il traverse tout sans dommages, même les détecteurs. Alors pour le voir... A tel point que sur les 65 milliards de ces particules que le Soleil envoie chaque seconde sur chaque centimètre carré de notre planète, le détecteur à chlorure de gallium du Gran Sasso en "verra" seulement une par jour ! Autant éviter que ce fragile témoignage soit autre chose que celui d'un neutrino. Alors on déploie un luxe de précautions inouï : pour éviter la radioactivité naturellement émise par le plomb, on a récupéré du métal très ancien, très stable, incapable d'émettre des rayonnements. On est allé le chercher sur des gallions espagnols coulés depuis plusieurs siècles. Pareil pour l'eau utilisée dans les expériences. Elle a été puisée dans le désert du Sinaï, dans des poches vieilles de plusieurs milliers d'années.
Mais pourquoi s'acharne-t-on à vouloir compter des particules aussi fantomatiques, quasiment indétectables ? Tout le problème, c'est que le nombre que l'on en observe pour l'instant ne correspond pas du tout à celui qui est prévu. On en "voit" trois fois moins que les calculs qui simulent le fonctionnement du Soleil l'annoncent. Un résultat qui irrite passablement les physiciens. La théorie est-elle fausse ? Ne comprend-on rien au Soleil ? Ou les détecteurs sont-ils incapables de fonctionner proprement ?
Les chercheurs s'arrachent d'autant plus les cheveux que le dernier résultat en date, obtenu par des savants soviétiques et américains, fait état de zéro neutrinos ! "On a rien vu du tout", disent-ils. De quoi saper le moral du plus obstiné des chercheurs. "Mais ils ont probablement un problème de détecteur", souffle Michel Cribier, dans un élan d'optimisme.
Précisément, aujourd'hui tous les regards sont tournés vers le Gran Sasso. Peut-être dans quelques mois est-ce là, que se soulevera le voile de mystère qui pèse aujourd'hui sur les neutrinos solaires et le fonctionnement de la chaudière solaire.
Après, les astronomes ne seront pas au bout de leurs peines. Car il n'y rien de plus trompeur que la grosse boule de feu qui se promène dans le ciel du matin au soir. D'abord le Soleil n'est pas stable, mais variable. Un coup de faiblesse, une petite panne de quelques années, oh rien du tout, juste une baisse de rendement de quelques % de la sa chaudière thermonucléaire à 15 millions de degrés pendant 50 ans, et c'est le grand froid. Un coup de blizzard qui s'installe sur Terre, comme pendant le "mini-âge glaciaire de Maunder". Entre 1645 et 1715, le soleil est devenu paresseux et avait même pris un embonpoint de 2 000 km de diamètre. Un coup de barre, une faiblesse qui avait fait geler les fleuves et les lacs d'Europe comme jamais, pourri les étés et les récoltes. Pourquoi cette panne ? La question n'a pas de réponse, mais une chose est sûre, la machine Soleil n'est pas sans failles...
Le plus rageant, c'est que plus on l'étudie l'astre, moins on le connait. A chaque fois que les astronomes mettent en place de nouveaux instruments pour regarder droit dans le feux de cet enfer à 15 millions de degrés d'hydrogène et d'hélium, on trouve de nouvelles questions.
La face cachée du Soleil
Notre Soleil, la grosse boule qui nous réchauffe, est une pelote hérissée de mystère. Dernier exemple en date : la brusque "panne" de l'astre, en 1990. D'autant plus étrange après les colères de 1989, des spasmes qui avaient plongé neuf millions de personnes dans le noir au Québec en faisant "sauter les plombs" de la distribution électrique, provoqué des dizaines d'aurores boréales, et fait chuter plusieurs satellites qui se trouvaient en orbite. Munis de leurs archives, calculs à l'appui, les astronomes s'attendaient à ce que 1990 soit pire encore. L'année de tous les dangers solaires, du moins le "sommet" le plus actif du cycle d'activité de 11 ans qui anime notre bonne vieille étoile. Attention, disaient-ils à l'adresse des cosmonautes qui séjournent dans l'espace, mais aussi des utilisateurs des fréquences radio...
Hélas, la crise annoncée, le paroxysme n'a pas eu lieu. Et sans que l'on sache pourquoi, l'astre a brutalement décidé que cela suffisait comme cela, que le cycle de 11 ans serait cette fois plus court d'une année, et qu'en guise de sommet d'activité, on se contenterait des orages magnétiques du mois de mars 1989. "Ce furent tout de même les plus forts jamais provoqués par le Soleil", estime Pierre Lantos, responsable des prévisions solaires à l'observatoire de Paris-Meudon. "C'est une leçon : les prévisions solaires, ce n'est pas encore la météo", ajoute-t-il
Bizarres, les astronomes. Pour tenter d'en savoir plus sur l'étoile reine de notre ciel, ils s'enfouissent sous les montagnes, s'immergent dans le grand bleu des océans, installent leurs détecteurs dans les galeries obscures des mines. Le dernier cri du temple cosmique dans le style bunker sous-terrain, c'est Gran Sasso, près de Rome. Associés aux Allemands et aux Italiens, les chercheurs français viennent de l'inaugurer, sous un sommet de 2 900 mètres. Objectif : percer les mystères de la chaudière du Soleil. Un casse-tête dont l'explication occupe des équipe de chercheurs dans le monde entier.
Tapis dans la montagne, les astrophysiciens y traquent dans une cuve de 30 tonnes de gallium les très étranges créatures que sont les neutrinos. De petites particules insaisissables vomies par milliards par le Soleil et qui ont la fabuleuse propriété de traverser comme du beurre tout ce qu'elles rencontrent. Et notamment la Terre, de part en part. Alors, pour se protéger, se débarrasser de tout autre "bruit", les scientifiques s'enfouissent comme des taupes. "Le sol fait écran, et sous terre nous sommes certains que les seules particules que nous détecteront sont bien des neutrinos, puisque ce sont les seules qui peuvent arriver ici", explique Michel Cribier, physicien au Commissariat à l'Energie Atomique.
Une précaution vitale. Dépourvu de masse, le neutrino est incroyablement difficile à détecter, puisqu'il traverse tout sans dommages, même les détecteurs. Alors pour le voir... A tel point que sur les 65 milliards de ces particules que le Soleil envoie chaque seconde sur chaque centimètre carré de notre planète, le détecteur à chlorure de gallium du Gran Sasso en "verra" seulement une par jour ! Autant éviter que ce fragile témoignage soit autre chose que celui d'un neutrino. Alors on déploie un luxe de précautions inouï : pour éviter la radioactivité naturellement émise par le plomb, on a récupéré du métal très ancien, très stable, incapable d'émettre des rayonnements. On est allé le chercher sur des gallions espagnols coulés depuis plusieurs siècles. Pareil pour l'eau utilisée dans les expériences. Elle a été puisée dans le désert du Sinaï, dans des poches vieilles de plusieurs milliers d'années.
Mais pourquoi s'acharne-t-on à vouloir compter des particules aussi fantomatiques, quasiment indétectables ? Tout le problème, c'est que le nombre que l'on en observe pour l'instant ne correspond pas du tout à celui qui est prévu. On en "voit" trois fois moins que les calculs qui simulent le fonctionnement du Soleil l'annoncent. Un résultat qui irrite passablement les physiciens. La théorie est-elle fausse ? Ne comprend-on rien au Soleil ? Ou les détecteurs sont-ils incapables de fonctionner proprement ?
Les chercheurs s'arrachent d'autant plus les cheveux que le dernier résultat en date, obtenu par des savants soviétiques et américains, fait état de zéro neutrinos ! "On a rien vu du tout", disent-ils. De quoi saper le moral du plus obstiné des chercheurs. "Mais ils ont probablement un problème de détecteur", souffle Michel Cribier, dans un élan d'optimisme.
Précisément, aujourd'hui tous les regards sont tournés vers le Gran Sasso. Peut-être dans quelques mois est-ce là, que se soulevera le voile de mystère qui pèse aujourd'hui sur les neutrinos solaires et le fonctionnement de la chaudière solaire.
Après, les astronomes ne seront pas au bout de leurs peines. Car il n'y rien de plus trompeur que la grosse boule de feu qui se promène dans le ciel du matin au soir. D'abord le Soleil n'est pas stable, mais variable. Un coup de faiblesse, une petite panne de quelques années, oh rien du tout, juste une baisse de rendement de quelques % de la sa chaudière thermonucléaire à 15 millions de degrés pendant 50 ans, et c'est le grand froid. Un coup de blizzard qui s'installe sur Terre, comme pendant le "mini-âge glaciaire de Maunder". Entre 1645 et 1715, le soleil est devenu paresseux et avait même pris un embonpoint de 2 000 km de diamètre. Un coup de barre, une faiblesse qui avait fait geler les fleuves et les lacs d'Europe comme jamais, pourri les étés et les récoltes. Pourquoi cette panne ? La question n'a pas de réponse, mais une chose est sûre, la machine Soleil n'est pas sans failles...
Le plus rageant, c'est que plus on l'étudie l'astre, moins on le connait. A chaque fois que les astronomes mettent en place de nouveaux instruments pour regarder droit dans le feux de cet enfer à 15 millions de degrés d'hydrogène et d'hélium, on trouve de nouvelles questions.
lundi 21 janvier 2008
Satellites Spot
Pour MFI (agence de RFI pour la presse écrite) (1993)
Eruption volcanique, forêts d'Amazonie, feux de brousse, évolution de la pression démographique ou suivi des migrations de criquets, niveau des réservoirs d'eau, découverte du drame de Tchernobyl, des incendies de puits de pétrole au Koweit : depuis 7 années les satellites d'observation de la Terre Spot 1 et Spot 2 ont abattu un travail impressionnant. Et rendu à la collectivité internationale des services jusque là réservés aux seuls militaires et scientifiques américains, qui disposaient déjà de leur satellites espions ou de recherche. Les images livrées par ces "sentinelles" de l'espace sont précieuses et belles. Et si les civils en raffolent, avec leurs détails visibles de 10 mètres, les militaires ne les boudent pas non plus, qui peuvent, grâce à des traitements informatiques spécifiques, descendre à une précision métrique.
C'est en principe le 24 septembre que la fusée Ariane doit s'élancer depuis le centre spatial de Kourou, en Guyane, pour mettre en orbite le troisième satellite français Spot. Ses deux frères cadets, même s'ils sont un peu fatigués, sont toujours en usage (par intermittence pour Spot 1) et Spot 3 viendra ainsi constituer un complément d'une véritable "flotte" de l'espace, faite de trois satellites mobilisables à la demande.
Ce ne sera pas inutile pour répondre aux demandes saisonnières, comme les prises de vue agricoles, qui servent aux grands groupes agro-alimentaires, aux gouvernements, aux associations de producteurs à prévoir les récoltes, et par là l'évolution des cours des denrées sur les marchés mondiaux. Cela peut permettre à certains d'éviter de subir un effondrement des prix, à la seule vue de l'importance d'une récolte de café ou de blé...
Denrée stratégique ? Certes, au départ. Le Pentagone et les militaires soviétiques n'étaient guère ravis de voir mis à la disposition de tous des données, des images qu'ils pensaient être les seuls à détenir pour longtemps encore.
Résultat, Russe et Américains ont eux aussi mis à la disposition du public leurs images satellites, contribuant à une véritable transparence sur la "Terre vue de l'espace".
En moins d'une décennie, les règles du jeu ont ainsi changé. Les images satellites sont devenues une denrée commerciale et banale, à la portée de tous (et financée par les organismes internationaux, pour la mise à disposition de ceux qui disposent de peu de moyens techniques et financiers).
A ce jour, 10.000 images ont été vendues à travers le monde par la société Spot Image, implantée à Toulouse, et plus de deux millions de vues ont été engrangées en archives. Constituant une banque de données unique sur la planète, précieuse dans l'avenir pour établir des comparaisons et comprendre le devenir de notre monde, à la simple lecture des clichés, ou après un traitement sophistiqué des données brutes.
A huit cent et quelques kilomètres d'altitude, le train des trois wagons Spot "tirera le portrait" des glaciers polaires, pour évaluer si réchauffement du climat et fonte des calottes polaires il y a, mais également pour surveiller les mouvements des grands icebergs, de manière à assurer la sécurité de la navigation dans ces zones froides.
Les géologues, pour leur part, sont largement intéressés par les images des grands formations du sol de la planète. Vues de l'espace, sur les scènes de 60 km de côté que délivrent les satellites, elles sont révélatrices de formations souterraines, mais aussi de présence d'eau, ou de mauvaise croissance des pieuvres urbaines.
Les engins permettent également de dresser des cartes dans des régions désertiques ou peu peuplées, où faute d'habitants et de moyens budgétaires, ce travail n'avait pas encore été mené de manière rationnelle.
L'avenir est donc rose pour les satellites français d'observation de la Terre (Belges et Suédois participent également, dans des parts minoritaires, au programme). Outre Spot 4, dont la construction est déjà commencée, au Centre National d'Etudes Spatiales, le CNES, les ingénieurs réfléchissent déjà à Spot 5 et 6. Ces satellites seront très innovants, et leurs performances largement accrues.
Le plus petit détail visible depuis le ciel passera ainsi à 5 mètres, contre 10 atuellement. Des performances qui rapprocheront sans doute les Spots de leurs cousins militaires, Hélios, dont le premier exemplaire sera lancé pour le compte de l'armée française en 1995. Muni d'une optique très performante et secrète, le satellite kaki aura des capacités secrètes. Mais on peut parier que d'ici quelques années, ses équivalents civils n'auront pas grand-chose à lui envier.
Eruption volcanique, forêts d'Amazonie, feux de brousse, évolution de la pression démographique ou suivi des migrations de criquets, niveau des réservoirs d'eau, découverte du drame de Tchernobyl, des incendies de puits de pétrole au Koweit : depuis 7 années les satellites d'observation de la Terre Spot 1 et Spot 2 ont abattu un travail impressionnant. Et rendu à la collectivité internationale des services jusque là réservés aux seuls militaires et scientifiques américains, qui disposaient déjà de leur satellites espions ou de recherche. Les images livrées par ces "sentinelles" de l'espace sont précieuses et belles. Et si les civils en raffolent, avec leurs détails visibles de 10 mètres, les militaires ne les boudent pas non plus, qui peuvent, grâce à des traitements informatiques spécifiques, descendre à une précision métrique.
C'est en principe le 24 septembre que la fusée Ariane doit s'élancer depuis le centre spatial de Kourou, en Guyane, pour mettre en orbite le troisième satellite français Spot. Ses deux frères cadets, même s'ils sont un peu fatigués, sont toujours en usage (par intermittence pour Spot 1) et Spot 3 viendra ainsi constituer un complément d'une véritable "flotte" de l'espace, faite de trois satellites mobilisables à la demande.
Ce ne sera pas inutile pour répondre aux demandes saisonnières, comme les prises de vue agricoles, qui servent aux grands groupes agro-alimentaires, aux gouvernements, aux associations de producteurs à prévoir les récoltes, et par là l'évolution des cours des denrées sur les marchés mondiaux. Cela peut permettre à certains d'éviter de subir un effondrement des prix, à la seule vue de l'importance d'une récolte de café ou de blé...
Denrée stratégique ? Certes, au départ. Le Pentagone et les militaires soviétiques n'étaient guère ravis de voir mis à la disposition de tous des données, des images qu'ils pensaient être les seuls à détenir pour longtemps encore.
Résultat, Russe et Américains ont eux aussi mis à la disposition du public leurs images satellites, contribuant à une véritable transparence sur la "Terre vue de l'espace".
En moins d'une décennie, les règles du jeu ont ainsi changé. Les images satellites sont devenues une denrée commerciale et banale, à la portée de tous (et financée par les organismes internationaux, pour la mise à disposition de ceux qui disposent de peu de moyens techniques et financiers).
A ce jour, 10.000 images ont été vendues à travers le monde par la société Spot Image, implantée à Toulouse, et plus de deux millions de vues ont été engrangées en archives. Constituant une banque de données unique sur la planète, précieuse dans l'avenir pour établir des comparaisons et comprendre le devenir de notre monde, à la simple lecture des clichés, ou après un traitement sophistiqué des données brutes.
A huit cent et quelques kilomètres d'altitude, le train des trois wagons Spot "tirera le portrait" des glaciers polaires, pour évaluer si réchauffement du climat et fonte des calottes polaires il y a, mais également pour surveiller les mouvements des grands icebergs, de manière à assurer la sécurité de la navigation dans ces zones froides.
Les géologues, pour leur part, sont largement intéressés par les images des grands formations du sol de la planète. Vues de l'espace, sur les scènes de 60 km de côté que délivrent les satellites, elles sont révélatrices de formations souterraines, mais aussi de présence d'eau, ou de mauvaise croissance des pieuvres urbaines.
Les engins permettent également de dresser des cartes dans des régions désertiques ou peu peuplées, où faute d'habitants et de moyens budgétaires, ce travail n'avait pas encore été mené de manière rationnelle.
L'avenir est donc rose pour les satellites français d'observation de la Terre (Belges et Suédois participent également, dans des parts minoritaires, au programme). Outre Spot 4, dont la construction est déjà commencée, au Centre National d'Etudes Spatiales, le CNES, les ingénieurs réfléchissent déjà à Spot 5 et 6. Ces satellites seront très innovants, et leurs performances largement accrues.
Le plus petit détail visible depuis le ciel passera ainsi à 5 mètres, contre 10 atuellement. Des performances qui rapprocheront sans doute les Spots de leurs cousins militaires, Hélios, dont le premier exemplaire sera lancé pour le compte de l'armée française en 1995. Muni d'une optique très performante et secrète, le satellite kaki aura des capacités secrètes. Mais on peut parier que d'ici quelques années, ses équivalents civils n'auront pas grand-chose à lui envier.
mercredi 16 janvier 2008
D'autres énergies
En 1989
Sur la côte californienne les panneaux solaires photovoltaïques sont assemblés par centaines en centrales géantes, et à travers les Etats-Unis, 15.000 familles s'alimentent déjà en électricité par le biais de photopiles solaires. A l'autre bout du monde, 5 millions de Japonais prennent leur douche quotidienne sous une eau réchauffée par le Soleil, comme la plupart des Israéliens.
Les Danois, pour leur part, ont déjà exporté plusieurs milliers d'éoliennes vers les Etats-Unis, y installant quelques 530 mégawatts de puissance : un marché d'un milliard de dollars...
Et les Allemands de l'Ouest ne sont pas en reste : ils consacrent 700 millions par an de subventions aux recherches sur les technologies d'énergie renouvelables, en visant essentiellement le marché de l'exportation.
"Des marchés qui représentent à travers le monde environ 200 milliards de francs de marchés à conquérir", précise François Pharabod, le concepteur de la centrale solaire française Thémis. Un prototype fermé depuis des années, en raison d'un fonctionnement trop coûteux...
Précisément, quand on aborde la France, le panorama s'assombrit : le budget de l'Agence Française pour la Maîtrise de l'Energie a été largement réduit depuis quelques années et une partie du personnel licencié.
Des projets comme celui de l'équiment de l'île d'Ouessant d'une éolienne géante ont été abandonnés, mais plus grave, après des années de valse-hésitation de la part des pouvoirs publics dans le domaine de ces énergies propres, les industriels qui avaient tenté l'aventure n'y croient plus.
"Des entreprises comme Photowatt, dans le domaine des photopiles solaires, ont été abandonnées en cours de route, livrées à elles-mêmes, la puissance publique cessant du jour au lendemain de les soutenir. Les installations de chauffe-eaux solaires ont chuté de deux tiers (passant de 90.000 mètres carrés solaires installés en 1987 à moins de 30.000 en 1988)", constate Benjamin Dessus, ancien directeur de l'AFME, aujourd'hui chargé de recherche au CNRS.
"La question est aujourd'hui de savoir quel prix nous sommes prèts à payer pour l'énergie...", commente François Pharabod.
Pour intégrer le coût de l'environnement dans la facture énergétique, certains recommandent aujourd'hui d'augmenter les tarifs des énergies fossiles. Une facturation de l'impact sur l'environnement de cette énergie primaire, qui donnerait un coup de fouet aux énergies propres et encouragerait une meilleure gestion des ressources...
" Les énergies renouvelables ne sont pas des énergies de gaspillage", souligne François Pharabod. Elles sont coûteuses à développer, elles font appel à des technologies élaborées de transformation d'une énergie naturelle (essentiellement le Soleil) en une forme directement utilisable par l'homme... Ces énergies "naturelles", liées à l'éclairage de l'astre du jour ou à la puissance du vent sont également délicates à gérer. Ce n'est généralement pas quand le Soleil est cuisant que l'on a besoin de se chauffer !
Ce qui implique signifie le développement de filières de stockage de ces énergies, en les utilisant pour fabriquer à partir de l'eau un carburant propre, comme l'hydrogène.
Ces technologies représentent un effort financier sans commune mesure avec les coûts de mise en exploitation d'un gisement pétrolier. "Mais il s'agit d'un investissement à long terme, ensuite la mise en exploitation de ces énergies renouvelables est beaucoup moins onéreuse", souligne François Pharabod.
Quel serait le bon prix à appliquer pour amorcer ces mécanismes de juste concurrence ? La question est délicate. Dans le rapport sur l'énergie qu'il vient de rendre au Premier ministre, le député Pierre Briane propose des mesure d'allègement pour les énergies renouvelables, les véhicules électriques et l'éclairage à basse consommation. Il suggère une baisse de la TVA de 18,6 à 5,5 % sur ces produits, mais aussi une taxe sur les déchets rejetés dans l'environnement.
Allant plus loin, certains experts proposent carrément un doublement des tarifs des énergies fossiles. Une solution extrème qu'il sera délicat de faire passer dans la pratique, face à la résistance des lobbies intéressés...
Pour débuter, on pourrait déjà conduire une politique agressive d'économies : "le gisement d'énergie que représentent aujourd'hui les économies d'énergie est§ comparable aux autres sources", souligne François Pharabod. En d'autre terme, il est plus simple aujourd'hui de construire des automobiles économes en carburant que de mettre en exploitation des gisements de pétrole sous des milliers de mètres d'eau glacée, en zone arctique. Il est aussi plus raisonnable, économiquement, d'utiliser des ampoules à basse consommation d'énergie que de construire des centrales nucléaires...
La preuve ? Dans la foulée des efforts liés au choc pétrolier de 1973, le produit intérieur brut de la France a augmenté de 38 % entre 1973 et 1988. Alors que la consommation d'énergie n'augmentait dans le même temps que de 12 %.
Sur la côte californienne les panneaux solaires photovoltaïques sont assemblés par centaines en centrales géantes, et à travers les Etats-Unis, 15.000 familles s'alimentent déjà en électricité par le biais de photopiles solaires. A l'autre bout du monde, 5 millions de Japonais prennent leur douche quotidienne sous une eau réchauffée par le Soleil, comme la plupart des Israéliens.
Les Danois, pour leur part, ont déjà exporté plusieurs milliers d'éoliennes vers les Etats-Unis, y installant quelques 530 mégawatts de puissance : un marché d'un milliard de dollars...
Et les Allemands de l'Ouest ne sont pas en reste : ils consacrent 700 millions par an de subventions aux recherches sur les technologies d'énergie renouvelables, en visant essentiellement le marché de l'exportation.
"Des marchés qui représentent à travers le monde environ 200 milliards de francs de marchés à conquérir", précise François Pharabod, le concepteur de la centrale solaire française Thémis. Un prototype fermé depuis des années, en raison d'un fonctionnement trop coûteux...
Précisément, quand on aborde la France, le panorama s'assombrit : le budget de l'Agence Française pour la Maîtrise de l'Energie a été largement réduit depuis quelques années et une partie du personnel licencié.
Des projets comme celui de l'équiment de l'île d'Ouessant d'une éolienne géante ont été abandonnés, mais plus grave, après des années de valse-hésitation de la part des pouvoirs publics dans le domaine de ces énergies propres, les industriels qui avaient tenté l'aventure n'y croient plus.
"Des entreprises comme Photowatt, dans le domaine des photopiles solaires, ont été abandonnées en cours de route, livrées à elles-mêmes, la puissance publique cessant du jour au lendemain de les soutenir. Les installations de chauffe-eaux solaires ont chuté de deux tiers (passant de 90.000 mètres carrés solaires installés en 1987 à moins de 30.000 en 1988)", constate Benjamin Dessus, ancien directeur de l'AFME, aujourd'hui chargé de recherche au CNRS.
"La question est aujourd'hui de savoir quel prix nous sommes prèts à payer pour l'énergie...", commente François Pharabod.
Pour intégrer le coût de l'environnement dans la facture énergétique, certains recommandent aujourd'hui d'augmenter les tarifs des énergies fossiles. Une facturation de l'impact sur l'environnement de cette énergie primaire, qui donnerait un coup de fouet aux énergies propres et encouragerait une meilleure gestion des ressources...
" Les énergies renouvelables ne sont pas des énergies de gaspillage", souligne François Pharabod. Elles sont coûteuses à développer, elles font appel à des technologies élaborées de transformation d'une énergie naturelle (essentiellement le Soleil) en une forme directement utilisable par l'homme... Ces énergies "naturelles", liées à l'éclairage de l'astre du jour ou à la puissance du vent sont également délicates à gérer. Ce n'est généralement pas quand le Soleil est cuisant que l'on a besoin de se chauffer !
Ce qui implique signifie le développement de filières de stockage de ces énergies, en les utilisant pour fabriquer à partir de l'eau un carburant propre, comme l'hydrogène.
Ces technologies représentent un effort financier sans commune mesure avec les coûts de mise en exploitation d'un gisement pétrolier. "Mais il s'agit d'un investissement à long terme, ensuite la mise en exploitation de ces énergies renouvelables est beaucoup moins onéreuse", souligne François Pharabod.
Quel serait le bon prix à appliquer pour amorcer ces mécanismes de juste concurrence ? La question est délicate. Dans le rapport sur l'énergie qu'il vient de rendre au Premier ministre, le député Pierre Briane propose des mesure d'allègement pour les énergies renouvelables, les véhicules électriques et l'éclairage à basse consommation. Il suggère une baisse de la TVA de 18,6 à 5,5 % sur ces produits, mais aussi une taxe sur les déchets rejetés dans l'environnement.
Allant plus loin, certains experts proposent carrément un doublement des tarifs des énergies fossiles. Une solution extrème qu'il sera délicat de faire passer dans la pratique, face à la résistance des lobbies intéressés...
Pour débuter, on pourrait déjà conduire une politique agressive d'économies : "le gisement d'énergie que représentent aujourd'hui les économies d'énergie est§ comparable aux autres sources", souligne François Pharabod. En d'autre terme, il est plus simple aujourd'hui de construire des automobiles économes en carburant que de mettre en exploitation des gisements de pétrole sous des milliers de mètres d'eau glacée, en zone arctique. Il est aussi plus raisonnable, économiquement, d'utiliser des ampoules à basse consommation d'énergie que de construire des centrales nucléaires...
La preuve ? Dans la foulée des efforts liés au choc pétrolier de 1973, le produit intérieur brut de la France a augmenté de 38 % entre 1973 et 1988. Alors que la consommation d'énergie n'augmentait dans le même temps que de 12 %.
Réchauffement et ozone. En 1989
Pour Ca M'intéresse, 1989
(eh oui, déjà on veillait. Avertissement : les choses ont évolué, les données sont bien plus précises (voir le passage sur l'absorption de CO2) et le regretté Haroun Tazieff aurait peut-être un tout autre point de vue)
Trente milliards de tonnes. C'est le nuage de gaz carbonique que chaque année l'homme rejette dans l'atmosphère. A ce rythme , il en aura doublé la teneur en CO2 d'ici 50 ans. Une pollution qui s'ajoute à d'autres gaz pour pièger les rayons solaires et réchauffer progressivement le fond de l'air, par effet de serre.
Si ce scénario se confirme, ce sera le déluge : sous une atmosphère trop chaude, les calottes polaires fondront, libérant des milliards de mètres cubes d'eau et provoquant une montée générale du niveau des mers. Un raz de marée qui pourrait atteindre à terme plusieurs mètres, une menace concrète pour les habitants des deltas, des atolls et des rivages alluvionnaires, de Venise au Bengladesh, soit 70 % de la population mondiale.
Ce climat chamboulé aura d'autres effets : le grenier à blé du Middle West américain se transportera plus au nord, au Canada, les grands déserts avanceront, tornades et typhons deviendront de plus en plus dévastateurs, tirant un surcroît d'énergie de mers plus chaudes. Sous des moussons plus humides, des zones entières subiront des déluges saisonniers, tandis que les espèces animales et végétales déjà fragilisées par la pollution et la pression démographique humaine ne pourront supporter ce choc supplémentaire du au climat en folie. De nombreuses variétés périront.
Petit espoir, tous les scientifiques ne sont pas d'accord sur la vitesse à laquelle se produira ce chambardement...
L'une des solutions, pour comprendre comment la planète peut "digérer" une telle variation des climats, c'est d'interroger le passé.
"On s'apperçoit alors que la planète a encaissé en 4,5 milliards d'années d'histoire bien d'autres chocs climatiques", explique Jacques Labeyrie, physicien et fondateur à Gif-sur-Yvette du Centre des Faibles Radioactivités (CEA-CNRS).
La méthode qui a mené à cette conclusion est celle de la variation isotopique : on mesure dans les roches, dans les sédiments, dans le corail des océans les différentes variétés d'oxygène. Un indice qui trahit la quantité d'eau qui se trouvait piégée dans les calottes polaires, il y a des centaines de milliers d'années, et qui dénonce du même coup la rigueur des climats du passé.
Passées à la loupe des paléoclimatologues, les grandes variations du climat terrestre affichent avec un rythme de 100.000 ans la succession de périodes chaudes et humides et d'âges froids et secs. A l'intérieur de grand mouvement se glissent d'autres variations, plus rapides, sur 40.000 et 20.000 ans. Les fluctuations du niveau des mers peuvent y atteindre 100 mètres d'amplitude, selon que les calottes polaires s'étendent ou se rétractent.
Pour éviter que de tels phénomènes se produisent en l'intervalle de quelques siècles seulement, il est urgent de prendre conscience des effets de levier qui amplifient les dégâts causés à l'atmosphère.
L'homme peut agir. D'abord en cessant de libérer dans l'atmosphère les milliards de tonnes de carbone que les végétaux pétrifiés avaient fixé au cours du temps. Une démarche qui implique de changer de mode de consommation énergétique, de privilégier les énergies non polluantes aux détriment des énergies fossiles comme le charbon et le pétrole.
François Pharabod, analyste au Centre de Prospective et d'Evaluation propose également de replanter des hectares de forêts sur les terres en friches, au Sud comme au Nord... Un moyen de recréer un couvert végétal qui stabiliserait l'effet de serre en refixant une partie du gaz carbonique. "On pourrait utiliser ce bois de façon permanente, dans la construction, sans le consumer. Ceci ne libèrerait pas de gaz carbonique dans l'atmosphère, mais au contraire stockerait du carbone explique Pharabod.
Apparemment la planète nous laisse un répit.
Les chercheurs se sont apperçus que la teneur en CO2 de l'atmosphère n'augmentait pas aussi rapidement qu'elle le devrait, sous l'effet de l'activité humaine. Toundra ou forêt vierge, la végétation se développe plus rapidement et absorbe une partie du gaz en excès, tandis que le plancton en attire une bonne part dans les océans pour le fixer dans le calcaire sous-marin.
Sans aller aussi loin que James Lovelock, le père de l'hypothèse Gaia, qui considère la planète comme un être vivant régulant de lui-même les grands équilibres, certains admettent que le végétaux et le plancton, en absorbant les excès de nos activités, nous laissent un nouveau sursis.
Pour le vulcanologue Haroun Tazieff, tous ces boulversements seraient liés à des phénomènes naturels, dont les cycles du temps sont maîtres... Une étude menée par des universitaires chinois et américains dans les glaces du plateau du Tibet montre que le climat est chaud, mais depuis 1940... Alors, le réchauffement s'accélere-t-il vraiment, ou n'est-il qu'un évènement naturel ?
Combien la planète peut-elle ainsi absorber de gaz carbonique ? Entre 30 et 50 % de la quantité produite par l'homme, selon les études les plus récentes...
La marge d'erreur reste importante. Surtout, elle ne permet pas de dire, finalement, si c'est l'augmentation de CO2 qui réchauffe le climat, ou si c'est le réchauffement du climat, quelque part, qui provoque une augmentation du taux de CO2 de l'atmosphère...
OZONE
LA GRANDE TRAQUE DE L'OZONE
Au royaume de l'ozone, l'angoisse règne : si cet écran protecteur se déchirait, bombardé par des doses dangereuses d'ultra-violets solaires ! la vie sur Terre risquerait d'en prendre un coup. Pourtant l'ozone joue les filles de l'air : ce gaz fantasque, dont la disparition au-dessus de nos têtes occupe les colonnes des médias depuis plus de deux ans, demeure insaisissable. Chaque hiver Patrick Aimedieu part en chasse dans le grand nord suédois, sur la base arctique de Kiruna. Là, en compagnie de confrères européens, Japonais, Américains, ce chercheur du service d'aéronomie du CNRS lance des ballons du CNES jusqu'à 30 km d'altitude. Pour comprendre comment, dans la nuit polaire, les composés chlorés accomplissent leur besogne de grignotage de l'ozone.
"Les conclusions rendues par le Comité International de l'ozone en 1987 sont alarmistes : une baisse globale de 3 %, a été évaluée autour de la Terre au cours de la dernière decennie", explique Aimedieu.
Si nous sommes certains aujourd'hui des mécanismes de dégradations chimiques de l'ozone, notamment par les fameux CFC de notre industrie, mais on peut douter de ces conclusions alarmistes. Les phénomènes sont hypercomplexes et la difficulté d'accès à ces hautes altitudes, le manque de données doivent nous rendre modestes quant au diagnostic..."
Par exemple en 1987, le trou d'ozone a été très impressionnant au-dessus du Pôle Sud. Par contre, en 1988, il était très faible. Et cette année, il est à nouveau très marqué, atteignant la taille de l'Europe. Alors que penser ? Un espoir demeure : que l'ozone produit naturellement par le Soleil, ou que celui en excès, au sol, finisse par combler les trous saisonniers aux pôles..."
(eh oui, déjà on veillait. Avertissement : les choses ont évolué, les données sont bien plus précises (voir le passage sur l'absorption de CO2) et le regretté Haroun Tazieff aurait peut-être un tout autre point de vue)
Trente milliards de tonnes. C'est le nuage de gaz carbonique que chaque année l'homme rejette dans l'atmosphère. A ce rythme , il en aura doublé la teneur en CO2 d'ici 50 ans. Une pollution qui s'ajoute à d'autres gaz pour pièger les rayons solaires et réchauffer progressivement le fond de l'air, par effet de serre.
Si ce scénario se confirme, ce sera le déluge : sous une atmosphère trop chaude, les calottes polaires fondront, libérant des milliards de mètres cubes d'eau et provoquant une montée générale du niveau des mers. Un raz de marée qui pourrait atteindre à terme plusieurs mètres, une menace concrète pour les habitants des deltas, des atolls et des rivages alluvionnaires, de Venise au Bengladesh, soit 70 % de la population mondiale.
Ce climat chamboulé aura d'autres effets : le grenier à blé du Middle West américain se transportera plus au nord, au Canada, les grands déserts avanceront, tornades et typhons deviendront de plus en plus dévastateurs, tirant un surcroît d'énergie de mers plus chaudes. Sous des moussons plus humides, des zones entières subiront des déluges saisonniers, tandis que les espèces animales et végétales déjà fragilisées par la pollution et la pression démographique humaine ne pourront supporter ce choc supplémentaire du au climat en folie. De nombreuses variétés périront.
Petit espoir, tous les scientifiques ne sont pas d'accord sur la vitesse à laquelle se produira ce chambardement...
L'une des solutions, pour comprendre comment la planète peut "digérer" une telle variation des climats, c'est d'interroger le passé.
"On s'apperçoit alors que la planète a encaissé en 4,5 milliards d'années d'histoire bien d'autres chocs climatiques", explique Jacques Labeyrie, physicien et fondateur à Gif-sur-Yvette du Centre des Faibles Radioactivités (CEA-CNRS).
La méthode qui a mené à cette conclusion est celle de la variation isotopique : on mesure dans les roches, dans les sédiments, dans le corail des océans les différentes variétés d'oxygène. Un indice qui trahit la quantité d'eau qui se trouvait piégée dans les calottes polaires, il y a des centaines de milliers d'années, et qui dénonce du même coup la rigueur des climats du passé.
Passées à la loupe des paléoclimatologues, les grandes variations du climat terrestre affichent avec un rythme de 100.000 ans la succession de périodes chaudes et humides et d'âges froids et secs. A l'intérieur de grand mouvement se glissent d'autres variations, plus rapides, sur 40.000 et 20.000 ans. Les fluctuations du niveau des mers peuvent y atteindre 100 mètres d'amplitude, selon que les calottes polaires s'étendent ou se rétractent.
Pour éviter que de tels phénomènes se produisent en l'intervalle de quelques siècles seulement, il est urgent de prendre conscience des effets de levier qui amplifient les dégâts causés à l'atmosphère.
L'homme peut agir. D'abord en cessant de libérer dans l'atmosphère les milliards de tonnes de carbone que les végétaux pétrifiés avaient fixé au cours du temps. Une démarche qui implique de changer de mode de consommation énergétique, de privilégier les énergies non polluantes aux détriment des énergies fossiles comme le charbon et le pétrole.
François Pharabod, analyste au Centre de Prospective et d'Evaluation propose également de replanter des hectares de forêts sur les terres en friches, au Sud comme au Nord... Un moyen de recréer un couvert végétal qui stabiliserait l'effet de serre en refixant une partie du gaz carbonique. "On pourrait utiliser ce bois de façon permanente, dans la construction, sans le consumer. Ceci ne libèrerait pas de gaz carbonique dans l'atmosphère, mais au contraire stockerait du carbone explique Pharabod.
Apparemment la planète nous laisse un répit.
Les chercheurs se sont apperçus que la teneur en CO2 de l'atmosphère n'augmentait pas aussi rapidement qu'elle le devrait, sous l'effet de l'activité humaine. Toundra ou forêt vierge, la végétation se développe plus rapidement et absorbe une partie du gaz en excès, tandis que le plancton en attire une bonne part dans les océans pour le fixer dans le calcaire sous-marin.
Sans aller aussi loin que James Lovelock, le père de l'hypothèse Gaia, qui considère la planète comme un être vivant régulant de lui-même les grands équilibres, certains admettent que le végétaux et le plancton, en absorbant les excès de nos activités, nous laissent un nouveau sursis.
Pour le vulcanologue Haroun Tazieff, tous ces boulversements seraient liés à des phénomènes naturels, dont les cycles du temps sont maîtres... Une étude menée par des universitaires chinois et américains dans les glaces du plateau du Tibet montre que le climat est chaud, mais depuis 1940... Alors, le réchauffement s'accélere-t-il vraiment, ou n'est-il qu'un évènement naturel ?
Combien la planète peut-elle ainsi absorber de gaz carbonique ? Entre 30 et 50 % de la quantité produite par l'homme, selon les études les plus récentes...
La marge d'erreur reste importante. Surtout, elle ne permet pas de dire, finalement, si c'est l'augmentation de CO2 qui réchauffe le climat, ou si c'est le réchauffement du climat, quelque part, qui provoque une augmentation du taux de CO2 de l'atmosphère...
OZONE
LA GRANDE TRAQUE DE L'OZONE
Au royaume de l'ozone, l'angoisse règne : si cet écran protecteur se déchirait, bombardé par des doses dangereuses d'ultra-violets solaires ! la vie sur Terre risquerait d'en prendre un coup. Pourtant l'ozone joue les filles de l'air : ce gaz fantasque, dont la disparition au-dessus de nos têtes occupe les colonnes des médias depuis plus de deux ans, demeure insaisissable. Chaque hiver Patrick Aimedieu part en chasse dans le grand nord suédois, sur la base arctique de Kiruna. Là, en compagnie de confrères européens, Japonais, Américains, ce chercheur du service d'aéronomie du CNRS lance des ballons du CNES jusqu'à 30 km d'altitude. Pour comprendre comment, dans la nuit polaire, les composés chlorés accomplissent leur besogne de grignotage de l'ozone.
"Les conclusions rendues par le Comité International de l'ozone en 1987 sont alarmistes : une baisse globale de 3 %, a été évaluée autour de la Terre au cours de la dernière decennie", explique Aimedieu.
Si nous sommes certains aujourd'hui des mécanismes de dégradations chimiques de l'ozone, notamment par les fameux CFC de notre industrie, mais on peut douter de ces conclusions alarmistes. Les phénomènes sont hypercomplexes et la difficulté d'accès à ces hautes altitudes, le manque de données doivent nous rendre modestes quant au diagnostic..."
Par exemple en 1987, le trou d'ozone a été très impressionnant au-dessus du Pôle Sud. Par contre, en 1988, il était très faible. Et cette année, il est à nouveau très marqué, atteignant la taille de l'Europe. Alors que penser ? Un espoir demeure : que l'ozone produit naturellement par le Soleil, ou que celui en excès, au sol, finisse par combler les trous saisonniers aux pôles..."
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