samedi 19 janvier 2008

Les éruptions d'Haroun Tazieff

Un camarade. Je garde un souvenir très fort et amical pour cet homme que j'ai pu approcher à de nombreuses reprises. C'est lui qui m'a communiqué l'envie du journalisme de terrain, même si nous avons plus souvent discuté dans son appartement de l'île Saint Louis... Un texte qu'il rédigea, à ma demande, en 1990. Pour expliquer, inlassablement, ce qu'il avait compris, à l'époque, sur les volcans.


Deux éruptions viennent d'éclater, qui appartiennent aux variétés opposées à l'extrême, celle qui caractérise les volcans à laves très fluides et celle qui est le propre de ceux dont les laves sont extrêmement visqueuses. La première s'est produite au Niragongo (fontière du Zaïre et du Rwanda), qui est le volcan que je connais mieux que quiconque pour y avoir réussi, en 1948, la première exploration du cratère en activité et y avoir découvert un lac de lave en fusion permanente. J'ai observé ce dernier, en ai mesuré les paramètres et analysé les gaz pendant près de quarante années.

La seconde éruption a éclaté au volcan de Rabaul, dans Blanche Bay en Nouvelle Bretagne, auquel, par contre je n'ai rendu visite qu'une fois en passant, en 1959, car il était alors en sommeil. Or, ce qui m'intéresse dans le volcanisme, c'est l'activité éruptive.

Ce volcan de Rabaul est l'un des bouches récentes (quelques siècles à quelques milliers d'années : n'oubliez pas que le volcanisme est un phénomène géologique, où l'unité de temps n'est pas l'année mais plutôt le millier de siècles...) qui se sont ouvertes dans la caldera (mot espagnol pour chaudière : ancien grand volcan effondré dans le vide souterrain engendré jadis par une éruption colossale) qui bée à côté de cette cité aussi imprudemment construite là que, entre beaucoup d'autres, Naples l'est dans la caldera de la Somma, qui contient le Vésuve.

L'éruption de Rabaul ressemble fort, pour le moment, à celle qu'avait délivrée, en 1991, le Pinatubo philippin. Du moins par la hauteur et la densité en "cendres" du panache accompagnant le paroxysme, hauteur et densité telles que la lumière du jour est incapable de le traverser et qu'une "nuit" accompagnée d'impressionnantes chutes de lapilli et de ponces plonge la population dans l'effroi.

Totalement différent, mais tout aussi spectaculaire, le réveil du Niragongo, d'après la description que m'en a faite le géologue Jacques Daguin et les photographies qu'il en a rapportées, est en tout point semblable à celui que j'avais eu le privilège d'observer en 1982. Il s'agissait alors - et je présume qu'il s'agit de nouveau - de ce que chacun, soi-disant volcanologues officiels inclus, appellent un lac de lave. Et que je qualifie de simple "mare", malgré sa très impressionnante surface qui en cette occurrence, approche du kilomètre carré.

En 1982, j'avais tout d'abord cru, moi aussi, qu'il s'agissait d'un "lac", le désormais célèbre lac du Niragongo dont la disparition soudaine, en 1977 m'avait vraiment navré. Elle s'était accompagnée du déversement de millions de mètres cubes de lave sur les pentes extérieures du volcan, jusqu'à son pied, cultivé et peuplé. Plus d'un millier de paysans furent surpris, calcinés vifs par les coulées impétueuses de cette "basanite" fluide à l'extrême.

Mais à observer depuis la lèvre du cratère, ce "lac" ressuscité, je m'aperçus que l'un des caractères essentiels, sine qua non, des lacs de lave était ici absent. L'alimentation du lac en magma par un évent (dissimulé sous l'épaisseur du liquide en fusion) est une condition sans laquelle la stupéfiante permanence des lacs de lave (jusqu'à plus d'un siècle, comme ce fut le cas du Kilauea à Hawaii) ne pourrait se manifester.

Un "lac de lave" est un phénomène rare, caractérisé par le maintien de la dite lave en fusion parfois des décennies durant (cas du Halemaumau, Kilauea de 1823 à 1924, cas du Nyamiagira jusqu'en 1938, du Niragongo de 1928 à 1977) alors qu'un volcan "normal" ne délivre des laves incandescentes (toujours propulsées par des gaz magmatiques) que de temps à autre, parfois au cours d'une demi-douzaine d'éruptions par année, parfois en une seule par demi-douzaine de siècles).

C'est ce qui s'est passé en 1991 avec la formidable éruption du Pinatubo, et se passe en ce moment avec le Rabaul.
J'ai déjà perçu des rumeurs de cataclysme dont l'échelle pourrait être mondiale, qu'il 'agisse de "pollution" de l'atmosphère, de l'amorce de "réactions éruptives en chaîne", de "nappes de lave en fusion" ensevelissant champs, villages et villes. Laissez-moi dire, très fermement, que ce ne sont que balivernes.

Rien ne menace, en dehors - et peut-être seulement - du périmètre des volcans actuellement réveillés.
Mais comme rien ne se vend mieux que les nouvelles catastrophistes (on le voit en ce qui concerne le "trou" d'ozone ou le prétendu "effet de serre", mensonges colossaux que des intérêts qui le sont tout autant diffusent sur les médias du monde entier depuis une douzaine d'années) des rumeurs risquent ici d'être propagées, qui permettraient des "scoops" et des bénéfices. aux uns et aux autres.

Une "terroriculture" qui caractérise depuis des millénaires les gourous, les charlatans, les faux prophètes de toute espèce.
Souvenez-vous de "nos ancètres les Gaulois". Ils ne craignaient qu'une chose, que le ciel ne leur tombe sur la tête.

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