samedi 2 février 2008

Les bactéries sculptent la planète

1993
Les surprises des bactéries

La Terre est-elle un gros nid de bactéries ? Des légions de microbes auraient sculpté les entrailles de notre planète ? Dans ce domaine, les chercheurs galopent de découvertes en révélations. Après les archéobactéries, héroïnes des années 80, capables d'exister dans les sources chaudes sous-marines à des pressions, et à des températures (plus de 200 degrés C) insoupçonnées, et bien d'autres curiosités des situations extrèmes de cette planète, il y eut tout récemment l'affaire des bactéries géantes. D'un coup, on découvrait (1) que des organismes vivants de taille aussi "énorme" que 0,6millimètres pouvait être une "simple" bactérie. Repérée dans l'instestin d'un poisson, avec lequel elle vite en symbiose, Epulopiscum fishelsoni est plus d'un millions de fois plus grosse qu'une bactérie "courante"

Les microbes sont là, encore, dans la cristalisation de l'eau en glace, et puis dans la manière dont la plupart des êtres vivants survivent, puisqu'ils leur permettent de digérer leurs repas (comme chez les humains ou les termites), ou de fixer l'azote du sol (chez les plantes). Leur adaptation, leur évolution rapide sous la pression de l'environnement, leurs différents modes de brassage de l'information génétique ont bouleversé la microbiologie et la génétique de ces dernières années. Et puis ils n'en font qu'à leur tête. Les souches résistantes de la tuberculose sont désormais là pour souligner qu'un agent pathogène, même bien connu et combattu, peut se révéler un ennemi redoutable s'il en vient à se défendre contre nos propres médicaments et vaccins. Sans aller aussi loin que la biologiste Lynn Margulis, qui dans "L'univers Bactériel" (2) suggère que les bactéries sont quasiment la puissance vitale dominante de cette planète, les scientifiques sont plus que jamais passionnés du rôle de ces hordes invisibles.

Il semble donc que les microbes nous réservent encore quelques émois, et parfois dans des domaines aussi surprenants que les formations géologiques. On les entrevoit déjà dans les processus de calcification rapide ( dans la maturation "rapide" (à l'échelle géologique) des hydrocarbures. Dernier exemple en date : les filons ferreux formés voici plus de deux milliards d'années, au Précambrien. Pour Friedrich Widdel du Max Planck Institut de microbiologie marine de Brême, c'est une bactérie, Thiobacillus ferroxidans, ou Gallionella ferruginea, qui est responsable de bon nombre de ces formations ferreuses rouge brique. Par leur présence, ces microbes anaérobie et photosynthétiques (qui tirent une part de leur énergie du soleil) ont permis la formation des dépôts ferreux sur le fond des mers qui couvraient alors ces régions : ils permettaient au fond des océans l'oxydation du fer qui sédimentait doucement, en lui livrant les électrons nécéssaires à cette transformaton.

(1) E.R. Angert, Indianan University
(2) du MIT, ouvrage aux Ed Albin Michel, 1989

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