jeudi 17 juillet 2008

Allergies aux chats

décembre 1993

Le chat passe, et les humains éternuent. Du moins certains. Que l'on se rassure ! C'est en général en respirant longuement du chat que le poil de l'allergique potentiel se dresse peu à peu, et que ses tissus prennent la mauvaise habitude de s'enflammer comme si leur survie en dépendait.
Pour cela, il faut compter de six mois à deux ans, en ronflant avec Grigris chaque nuit. Chez les individus prédisposés, la réaction du système immunitaire tourne alors au blitz-krieg, ultra-rapide et violente : rhinites, urticaire flamboyant, conjonctive larmoyante, asthme redoutable.

Le pr. Francisque Leynadier, chef du service d'allergologie de l'hôpital Rotschild à Paris est lui-même un passionné de chats. Et c'est le coeur serré qu'il dispense à ses consultants le seul conseil efficace : "séparez-vous de votre chat".
C'est un facteur essentiel de réussite de la désensibilisation.
Dans un sourire compatissant, le médecin met de l'eau dans son lait : "c'est un peu comme demander à un malade de cesser de fumer..., tant qu'il ne l'a pas décidé de lui-même... En fait ce sont les mères qui sont les plus raisonnables, lorsqu'on leur explique que l'allergie au chat se développe en une ou deux années. Si elles sont déjà allergiques, mais qu'elles ont décidé de le supporter, notamment avec des traitements de désensibilisation, leurs bébés ont par contre de fortes chances de devenir allergiques, avec un risque d'asthme".

La, le sourire du prof s'efface : le problème de l'asthme chez le très jeune enfant est un problème important, un risque que les parents ne doivent pas négliger. Et souvent, avant d'arracher les moquettes et de bombarder l'appartement de produits acaricides, c'est bien du côté de minou qu'il faut lorgner. Les chiffres sont là : parmi les malades du service d'allergologie de Rotschild, un quart sont sensibles au chat...
Pour les victimes sensibles, il ne suffit pas même de se priver de son matou. Il faut aussi passer son lieu de vie au scanner, un nettoyage vigoureux à la clé.

"L'allergène du chat s'accroche, partout, et peut s'embusquer cinq ou six années avant de venir provoquer une réaction. J'ai l'exemple d'une patiente qui s'était résolu à se séparer de ses chats, et qui a fait une crise trois ans plus tard, en dépliant une couverture qui n'avait pas été nettoyée...." Attention, donc, aux appartements ayant hébergé des chats dans le passé. Ou aux fréquentations du fiston. S'il a la larme à l'oeil le mercredi en rentrant de chez l'oncle Albert-qui-a-un-élevage-de-Siamois, probable qu'il y a là chaton sous roche...
Simultanément avec la désensibilisation, c'est donc souvent à une véritable enquête de moeurs félines à laquelle il faudra se livrer.

"A titre préventif, on peut aussi, même si l'on est pas allergique, être raisonnable. Eviter de dormir avec son chat, le cantonner au salon, et le laver une fois par semaine. La protéine allergène, le Feld-1 est secrété par les glandes séborrhées du chat, et en le nettoyant, on en diminue déjà considérablement la quantité présente", recommande le médecin.

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