mercredi 21 mai 2008

Brèves juin 1990

Intrus
Comment se faire un nid douillet au coeur d'une fourmilière ? En se faisant passer pour une fourmi. C'est du moins ce que pratique la guêpe brésilienne Orasema, qui squatte allègrement les pouponnières des fourmis "fire ants", ou Solenopsis invicta.
D'habitude, cette efficace guerrière ne se laisse guère abuser. Mais elle ne peut pas grand chose contre la guèpe, notent les chercheurs américain du Département de l'Agriculture qui ont étudié ces moeurs particulières à Gainsville, en Floride
Agées à peine d'un jour, les larves tout juste écloses de la guêpe, issues d'oeuf déposés sur des feuilles, sont capable de s'accrocher sur le dos d'ouvrières passant faire leur récolte. C'est ainsi véhiculées qu'elles pénétrent dans l'enceinte de la fourmilière, ou elles sont ensuite tolérées car elles ont la capacité de s'imbiber complètement des odeurs de fourmis qu'elles chevauchent. C'est une particularité remarquable, car chez ces fourmis, chaque société a une odeur différente et les mélanges qui composent le code olfactif de reconnaissance sont des cocktails très complexes. De fourmi en fourmi, elles aboutissent dans la nursery, ou elles prennent la place d'une larve de fourmi. Là elles attendent de se transformer en guêpe complète, et dévorent quelques fourmis juvéniles avant de s'envoler...

Polaire
L'étoile polaire est un phare. Mais saviez-vous que comme tout phare, elle clignote. Plus précisément, sa luminosité est soumise à une période, d'environ une semaine. Sur cette durée, sa luminosité baisse de près de 50 %, puis redevient maximale. Et cela depuis 40.000 ans au moins.
Mais cela va changer : au cours des 10 prochaines années, cet objet céleste instable va se transformer en un feu fixe, selon les astronomes de Vancouver, en Colombie Britannique.
En fait, on sait maintenant que ce genre d'étoile se gonfle et se dégonfle alternativement, sous l'effet de l'énergie qu'elle amasse dans ses entrailles, et qui doit se dissiper dans l'espace. Ces étoiles variables se stabilisent quand la couche d'hélium qui alimente cet effet énergétique s'enfonce plus profondément dans les entrailles de l'astre, sous l'effet de la dynamique interne de cette gigantesque réaction thermonucléaire.
Un phénomène superbe, qui, outre le fait qu'il concerne l'étoile la plus populaire de l'hémisphère nord, conforte également les astronomes dans de nombreuses hypothèses concernant la vie et l'évolution des astres. C'est une occasion unique d'observer un tel événement à une distance sommes toutes "raisonnable".
Surtout, l'observation d'étoiles variables dans les galaxies lointaines donne aux chercheurs l'occasion de préciser encore le distances qui les séparent de nous.

Chimpanzés
Les chimpanzés se soignent. Du moins mâchent-ils des feuilles et des plantes qui ont des effets particuliers sur leurs organismes, signalent Paul Newton d'Oxford, et Toshida Nasida, de l'université de Kyoto.
Entre autres plantes, les chimpanzés tanzaniens cueillent en effet consciencieusement des feuilles d'Aspilia et de Lippia plicata. Toutes deux sont utilisées par les indigènes locaux pour leurs propriétés excitantes.
Les primates prennent les feuilles une à une et les massent entre la langue et le palais. Puis ils avalent la feuille entière....
Selon les chercheurs, il est amusant de noter que la pratique animale pour tirer le suc des feuilles est très semblable à celle des humains, qui les travaillent de la même manière. Mais en outre, les singes usent de ces substances le matin, alors qu'ils se nourrissent en général dans l'après-midi. On pourrait y voir une sorte de café, pour se mettre en train....


Criquets
Des chercheurs américains et soviétiques d'accord pour mettre des technologies militaire au service du civil : Peter Franken (univ Arizona) et Vladilan Letokhov (Institut de spectroscopie d'URSS) veulent utiliser les satellites pour repérer les bandes de criquets et les moments où ils deviennent grégaires. Mais ils comptent également se servir des lasers de puissance, embarqués à bord d'avions, pour éliminer les criquets en plein vol.

Seismes
Les séismes n'ont pas que des effets immédiats, ils minent aussi les terrains où ils ont sévit. En agitant le sol dans tous le sens et avec une intensité importante, ils parviennent à séparer les sols meubles, à les tasser, ce qui isole les roches plus dures et provoque l'apparition de monticules, de concentrations à des endroits où la terre vibre différemment.
S'interrogeant sur une structure géologique récente et inexpliquée dans l'Etat de Washington, les bosses de Mima, les chercheurs pensent aujourd'hui que ces sont les séismes qui en sont responsables.
Situés près de la ville d'Olympie, ces formations ont trois mètres de haut et une trentaine de mètre de diamètre. Et on en compte des milliers, réparties de façon homogène dans les terrains de graviers.
Andrew Berg, du bureau des mines de Spokane, pense que c'est le séisme lié à l'éruption du Mont Saint Helens qui les aurait engendrées voici 10 ans, en concentrant les matériaux à des noeuds de vibrations, là ou le sol tremblait moins, par la structure même des ondes de choc qui parvenaient dans cette région.

Rats frères
Les analyses génétiques menées sur les rats nus "naked mole rats" sont étonnantes. Elles montrent que ces animaux sociaux sont très proches les uns des autres, comme s'ils étaient consanguins depuis au moins 60 générations.
Christopher Faulknes, de l'Institut de Zoologie de Londres, souligne qu'une telle ressemblance entre les mammifères est tout à fait extraordinaire, et c'est pour obtenir le même résultat, qu'il faudrait apparier des souris ou des rongeurs pendant 60 générations; "C'est un peu comme s'ils étaient des clones" indique-t-il.
Ce qui intéresse les scientifiques, c'est le line qui pourrait exister entre cette proximité biologique des individus et leur fonctionnement social. Ces rats vivent en colonies d'une centaine d'individus en Afrique de l'Est.
La reproduction est assurée par une femelle dominante, qui joue le rôle de reine, éventuellement assistée d'une ou deux consoeurs.
Le plus surprenant, c'est que les rats qui deviennent des ouvriers chargés de creuser les tunnels, ou des soldats chargés de les défendre contre les prédateurs renoncent à leur sexualité. Une stratégie illogique, sauf si on admet qu'ils sont "conscients" d'une certaine manière de leur ressemblance génétique, l'altruisme devenant dès lors une stratégie efficace pour assurer la survie de leurs propres gènes, puisqu'ils sont identiques.
Un point laisse cependant encore les chercheurs sur leur faim. Comment de telles colonies, extrémement fragiles face à une simple maladie, puisque tous les individus sont semblables et peu résistants au mêmes attaques, ont pu survivre aussi bien à travers les âges. D'autant plus que leur manque de diversité génétique devrait normalement les limiter à une adaptation très lente à l'évolution de leur environnement quand on sait que les différentes colonies de rats n'ont pratiquement pas de contacts entre elles.

Infanticides
Les animaux infanticides ne sont pas rares, mais le plus souvent ce sont les mâles qui sont les auteurs de ces actes.
Un biologiste espagnol, José Veiga, du Museum des sciences Naturelles de Madrid a étudié le moineau domestique (Passer domesticus) sous cet aspect et s'est aperçu que que les mâles aussi bien que les femelles se livraient à l'infanticide, en jetant les oisillons hors du nid.
Selon lui, les deux sexes ont des raisons différentes de s'attaquer ainsi aux petits, mais toujours quand ils sont en période biologique de reproduction.
les mâles s'attaquent aux petits pour libérer la femelle de cette charge, et la rendre disponible pour de nouveaux accouplements. D'ailleurs la plupart du temps, ce sont les mâles ayant perdu leur femelle qui s'y livreraient.
Du côté des femelles, le comportement semble conduit par la volonté de la femelle que le mâle s'occupe des rejetons de son propre nid en les nourrissant plus efficacement. Ce sont essentiellement les compagnes de mâles polygames qui s'attaqueraient ainsi à la portée que le mâle entretien avec d'autres femelles.
Les mâles anxieux sont plus attirants. Du moins pour les perdrix (partridge) grises femelles (Perdix perdix), estime Jens Dahlgren, de l'université suédoise de Lund.
Ce chercheur a mené toute une batterie d'expériences pour tenter de savoir ce que les perdrix , monogames, préfèrent chez les mâles. Une question d'autant plus intéressante que ces dames ont l'habitude de changer de partenaires plusieurs fois, et cela rapidement au début de leur vie de reproductrices, pour ensuite s'accoupler de manière durable à un seul partenaire.
N'ayant trouvé aucun caractère physique évident qui justifie le choix des perdix femelles quant à leur mâle, il s'est intéressé à la "vigilance" en tant que critère. Cette manière de se comporter des mâles est visible, reconnaissable à la façon dont ils dressent leur nuque et examinent les alentours avec une fréquence supérieure à leurs congénères.
Le chercheur pense que les femelles choisissent des mâles attentifs, qui surveillent bien les alentours, car cela leur permet de baisser la tête plus souvent vers le sol pour picorer, et donc de mieux se nourrir, garantissant par là un meilleur avenir à une progéniture plus nombreuse. Une portée qui sera également mieux gardée par ce mâle veilleur.

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