mercredi 21 mai 2008

Brèves Juin 1991

TAILLE
En étudiant la taille du corps, la distribution géographique et l'abondance de 147 espèces d'oiseaux, Sean Nee, du département de zoologie de l'Univ d'Oxford a confirmé que plus les oiseaux sont grands, moins ils sont nombreux, les deux chiffres étant corrélés par un coefficient négatif de 0,75.
Un coefficient qui varie cependant avec les espèces, et notamment chez les groupes importants d'oiseaux de taille modeste, dont la variation est moins forte. Ce qui signifierait, selon les chercheurs britanniques, que les oiseaux membres d'un groupe important utilisent et répartissent mieux l'énergie disponible pour se nourrir. Mais à la question : "vaut-il mieux, dans un tel groupe, être un petit ou un gros individu ?" la réponse, d'un point de vue énergétique, semble tout de même demeurer "plutôt un gros".

HUMIDES
Des plantes aquatiques à racines profondes, Victoria amazonica, survivent en ayant les pieds submergés par l'eau. Comment ? En se servant d'un système de pompe à chaleur pour améliorer la fourniture en oxygène de leurs racines.
Les racines de ces plantes ont des conduites spéciales pour acheminer jusqu'à elles l'oxygène, mais elles sont parfois à plus de 4 mètres de distance des feuilles. Pour améliorer la circulation, elles se servent d'un système de ventilation, explique Wolfgang Grosse, botaniste à l'Univ de Cologne.
Ce sont les feuilles qui jouent le rôle de ventilateur, en utilisant un phénomène physique : la thermo-osmose. Les feuilles sont en effet dotées de minuscules pores entre leurs tissus de photosynthèse et les autres. Comme les température à l'intérieur de la feuille et à l'extérieur sont en permanence différentes de près de deux degrés C, les pores créent un effet de sur-pression à l'intérieur de la feuille, ce qui permet de forcer la circulation de l'oxygène à l'intérieur de la plante. A une telle pression, que l'air ainsi forcé sort parfois en traversant les racines, ce qui fait de ces plantes aquatiques des aérateurs de marais.

TELESCOPE
C'est le plus profond regard au monde. Le télescope européen de l'ESO, le NTT (New Technology Telescope à La Silla, au Chili. En visant une région du ciel ou l'on ne connaissait rien, dans la constellation des sextants , on a découvert une dizaine de galaxies (jusqu'à la magnitude 29).

METHANE
Le méthane qu'émettent les rizières en Chine, et plus généralement en Asie contribuerait bien davantage à l'effet de serre qu'on ne le pensait jusque-là. Des études menées conjointement par les Américains et les Chinois à TuZu, dans la province du Szechwan montrent en effet que les plantations chinoise émettent entre quatre à dix fois davantage de méthane que les rizières américaines ou européennes.
Cette différence, que l'on peut imputer aux conditions même de la culture, et aux circonstances climatiques qui favorisent une plus grande activité des micro-organismes locaux associés à ces zones humides, amène les scientifiques à revoir leurs prévisions d'évolution de l'effet de serre atmosphérique. Si la gaz carbonique est aujourd'hui considéré comme le premier gant responsable du réchauffement de l'atmosphère, le méthane pourrait dans les décennies à venir lui voler la vedette. Ca gaz est 25 fois plus absorbant de rayonnements infra-rouges solaires que le CO2, et sa production mondiale est en croissance plus rapide que celle du CO2 industriel. Ceci sous l'effet de la démographie humaine, et de l'augmentation associée des activités agricoles et avicoles impliquant des fermentations émetrices de méthane.

NEUTRINOS
Sous nos pieds, la Terre impénétrable. Des chercheurs japonais ont une idée, pour observer les entrailles de la planète et comprendre la géologie profonde : capter les antineutrinos, des particules qu'émet toujours le noyau terrestre, pour faire une sorte de "radiographie" de la planète. Seul problème, on ne sait guère comment intercepter d'aussi insaisissables particules dans de détecteurs...

ELLE TOURNE
La surveillance de la rotation de notre vieille planète : une jeune discipline en plein essor. Soumises à des vices de fabrication et des caprices sur son orbite annuelle autour du Soleil, notre planète est, depuis 1988, sous la haute surveillance d'un réseau international d'une soixantaine de stations, qui visent des satellites artificiels ou la Lune avec des rayons laser pour se positionner. Dérive du pôle, précessions, nutation, autant de phénomènes causés par le déplacement des eaux à la surface de la Terre, sous l'effet de sa rotation et de l'attraction du Soleil et de la Lune. Egalement induites par des déformations du noyau liquide et du manteau, le sous-sol fluide de notre planète, qui provoque à la surface des déformations de près de 50 cm d'amplitude. Sans oublier, l'atmosphère, qui se déforme avec les saisons et fait qu'en août, la Terre tourne un peu plus vite qu'en janvier. Résultat, la durée du jour varie, s'allonge de 0, 0024 seconde par siècle, et du coup, la Lune accélère et s'éloigne...


MANTE
La mante religieuse, célèbre parce qu'elle est conduite à décapiter son mâle pour pouvoir procréer, est en outre dotée d'une centrale de détection anti-radars hyperfréquences à faire pâlir les avions de chasse modernes.
Le neurobiologiste américain David Yager, de l'Univ du Maryneland a étudié le système d'écoute des ultra-sons des mantes mâles. Celui-ci leur sert principalement à détecter l'approche de chauves-souris en chasse, pour se mettre en position de combat en moins d'un dixième de seconde. L'insecte entame alors une série d'acrobaties aériennes, de freinages, de virages serrés destinés à semer l'agresseur. Mais les vrilles, loopings, piqués et autres accélérations sont adaptées à la proximité du danger, toujours détectés par le système de mesure des ultra-sons. Une tragégie arienne brillante, qui assure à la mante une bonne probabilité d'échapper à son prédateur. Une manoeuvre "extrème" est même prévue, quand la vitesse supérieure de la chauve-souris (9 mètres/seconde) est sur le point de lui donner l'avantage sur sa proie (4 mètres/seconde, mais capacités évolutives supérieures). A ce moment-là,l mante tente un "crash-landing", se laissant brutalement tomber au sol. Elle de fortes chances d'y survivre, moyennant quelques bosses, mais la chauve-souris, elle, ne peut suivre la manoeuvre.

MOUCHES
Chez les drosophiles, les mâles "battent la mesure", grâce à leurs ailes, pour charmer les femelles. Et entre deux espèces, le rythme de la chanson varie. Des chercheurs anglais et américains qui ont travaillé sur ces chants de séduction ont mis en évidence un gène "métronome", qui conditionne le rythme de l'hymne nuptial. On a même pu modifier par manipulation génétique le rythme, le faire perdre à certaines mouches, ou le rendre à d'autres.
Le plus intéressant sera de savoir si la nature et la variation de ce chant influe sur l'apparition de nouvelles variétés de drosophiles (mécanisme de différenciation des espèces), et pourquoi il est lié au rythme circadien (sur 24 heures) de la mouche.

SEXE A PLUMES
Les paonnes aiment les paons avec de belles et grandes roues. Cela, on le savait déjà. Mais comment, et de combien ? Une étude détaillée de MM Petrie et Halliday, tous deux britanniques, vient enfin de préciser le mécanisme de séduction par la roue.
Sur dix mâles présentés à des femelles, un seul assurait 36 % des accouplements, et deux ne s'accouplaient jamais. L'heureux élu était celui aux plumes les plus colorées. Mais quel est l'intérèt pour l'espèce ? Car si les femelles sélectionnent les mâles aux plus belles plumes, rien ne certifie que ce seront les meilleurs reproducteurs, ou de bons associés pour nourrir la famille. L'hypothèse serait que les couleurs et la taille des plumes ont un effet déclencheur sur le potentiel reproductif de la femelle, et favoriserait un plus grand nombre de fertilisations. Augmentant ainsi les chances de survie des individus les plus motivants sexuellement. Bref, on ne sait toujours pas relier la beauté du ramage avec l'efficacité génétique de la sélection. Un siècle après Darwin, le mystère demeure, et les paons continuent de faire la roue...

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